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Les batailles du moyen-âge entre Templiers et Musulmans pour conserver les états latins d'orient dureront deux siècles, puis l'aventure orientale se terminera avec la défaite de Saint-Jean d'âcre en 1291.
La Bataille de Dorylée 1097
Lors de la première croisade, après la prise de Nicée, sur la rive orientale du Bosphore, les Francs ( Godefroy de Bouillon, Tancrede de Hauteville, Bohémond de Tarente,…) se dirigent vers Dorylée où les attend le Turc Kilidj Arslan, sultan de Roum. Ce dernier, qui a exterminé sans mal la croisade populaire à Civitot l'année précédente, est certain de récidiver son exploit. Le 1er juillet 1097, il tend une embuscade à l’avant-garde des croisés en zone montagneuse. Dans un premier temps, Bohémond de Tarente et ses chevaliers sont submergés, ils forment un cercle pour résister. Leurs charges sont sans effet sur les archers à cheval turcs qui pratiquent le harcèlement. Les autres bataillons Francs arrivent enfin en renfort et se précipitent en plusieurs escadrons vers le champ de bataille sans attendre l'infanterie. Godefroy de Bouillon, premier arrivé à la tête d'une centaine de chevaliers, donne un coup de boutoir décisif qui permet de libérer Bohémond de Tarente et ses chevaliers. Le sultan se retranche alors sur des hauteurs se croyant à l'abri. Mais les croisés se réorganisent et attaquent sa position à 4 endroits distincts simultanément. Les Turcs sont défaits.
Antioche 1097
Le 20 octobre 1097 les premiers croisés de l’avant-garde de l'armée Franque étaient en vue d’Antioche, ville gigantesque de plus de 200 000 habitants, complétement fortifiée par 3 lieues de murailles et 360 tours, les croisés n’avaient jamais rien vu de semblable jusqu’à présent. Robert de Flandre envoya un détachement vers Artah au sud-est d'Antioche, où la population chrétienne venait de massacrer la garnison Turque. Une semaine plus tard, le gros de l'armée arriva devant le Pont de fer sur l'Oronte, à l'est de la ville, il faudrait encore plusieurs semaines pour que tous les combattants arrivent à destination. Le pont était défendu par deux tours, mais il fut rapidement pris lors d'un assaut mené par Adhémar du Puy. A cette occasion, les Francs capturèrent du bétail, des moutons et une grande quantité de blé destinés à Antioche. A son tour, Bohémond de Tarente arriva sur place et conduisit ses troupes devant la ville. Le reste de l’armée continuait pendant ce temps à arriver au fil de l’eau.
Yaghi Siyan très prudent n’eut d’autre choix que de laisser les croisés établir leurs campements. Bohémond s'installa devant la porte Saint-Paul, Raymond de Saint-Gilles à sa droite devant la porte du Chien et Godefroy de Bouillon face à la porte du Duc. Un pont fluvial fut construit par Godefroy pour traverser l'Oronte. Yaghi Siyan s'attendait à un assaut immédiat contre ses remparts, mais il n’en fut rien. Raymond était le seul en faveur d'une attaque immédiate, les autres barons voulant limiter les pertes humaines décidèrent d'attendre que toutes les armées soient arrivées à pied d’oeuvre pour attaquer. Tancrède approchait, et des rumeurs parcouraient le camp à propos de l'arrivée imminente d'une flotte. Bohémond, qui avait une grande influence sur l'armée, conseilla d'attendre, et, Godefroy accepta sa proposition. Lors de cette longue marche les pertes humaines avaient été compensées par des nouvelles recrues Arméniennes et Grecques qui s’étaient agrégées à la grande armée entre Nicée et Antioche.
Concernant les effectifs Francs présents au début du siège, les chroniqueurs Raymond d'Aguilers et Foucher de Chartres mentionnent plus de 300 000 hommes (chevaliers et piétons), tandis qu'Albert d'Aix cite 600 000 hommes. Dans les 3 citations, ces effectifs ne comprenaient pas les serfs les manoeuvres les hommes de métiers les clercs les femmes les vieux et les enfants.
Dans l’attente que toutes les armées soient complétement parvenues à destination, des contacts furent établis avec des chrétiens dans la ville grâce à des chrétiens travaillant hors de la ville. Malheureusement, parmi ces chrétiens, certains espionnaient également pour le compte de Yaghi Siyan. Grâce à cela, et bien renseigné sur les forces Franques, Yaghi Siyan organisa des sorties au nez et à la barbe des croisés pour garder le contact avec sa garnison de Harim, à l'est du Pont de fer. L'armée franque n'était toujours pas au complet, et, les effectifs chrétiens ne permettaient pas encore d’encercler totalement la ville, ce qui permettait aux Turcs de sortir fréquemment.
Finalement le 13 novembre, Tancrède arriva avec ses troupes et les Francs barrèrent la route face au pont fortifié, au nord-est des remparts. Le 15 novembre, une flotte génoise composée de treize navires mouillait au port de Saint-Siméon.
Le 17 novembre, Bohémond réussit à détruire la garnison Turque de Harim et à s’emparer de cette place forte.
Le 23 novembre, les chefs croisés décidèrent de construire une tour sur les pentes orientale du mont Silpius afin de protéger les campements des sorties effectuées par la porte de fer, au sud-est de la ville. A cet effet, les troupes provençales de Raymond prirent position en face du pont fortifié, au nord-est. La guerre d’usure commençait. Un mois plus tard, les vivres commencèrent à manquer dans le camp des Francs.
Le 23 décembre, il fut décidé que Bohémond et Robert de Flandres dirigeraient une expédition pour récupérer de la nourriture. Raymond et Adhémar resteraient sur place, tandis que Robert de Normandie se trouvait à Laodicée pour réceptionner une flotte anglaise arrivée depuis le milieu de décembre.
Le 28 décembre, Bohémond et Robert quittèrent leur campement avec près de la moitié des forces vives. La nuit suivante Yaghi Siyan en profita effectuer une sortie. Les croisés de Raymond surpris dans un premier temps se ressaisirent et repoussèrent les Musulmans dans la ville. Dans la confusion plusieurs chevaliers pénétrèrent dans celle-ci, mais dans la nuit noire les chevaux trébuchèrent sur des cordages éparpillés à dessein dans les ruelles, et les croisés n’y voyant rien, rebroussèrent chemin. Ils retraversèrent le pont, poursuivis de près par les Turcs, mais une fois dans le campement, les croisés repoussèrent à nouveau les Musulmans dans la ville sans toutefois les suivre. Lors de cet épisode rocambolesque les pertes furent significatives dans les deux camps. Dans le même temps, les troupes de Bohémond et de Robert se dirigeaient vers le sud en ignorant qu'une armée damascène s'avançait vers eux.
Le 31 décembre, près d'Albara, les troupes Turques attaquèrent l'armée de Robert qui se trouvait devant celle de Bohémond. L’affaire mal engagée pour Robert trouva un épilogue heureux car Bohémond arriva à temps et chargea les troupes ennemies, la déroute des Turcs fut mémorable. Toutefois, les pertes subies par les croisés ne permirent pas d’engager la poursuite des fuyards, et Gérard de Saint-Omer comme beaucoup d’autres fut blessé à l’épaule, il devait la vie à Enguerrand de Lillers qui s’était vaillamment porté à son secours au plus fort des combats. Les croisés revinrent à Antioche le 2 janvier 1098, avec moins de vivres qu’ils ne l’avaient espéré. La saison des pluies usait les croisés et la température baissait considérablement. La disette s’installa durablement dans les campements croisés et Foucher de Chartres relata qu'un croisé sur cinq mourut de faim ou de maladie. Pour trouver de la nourriture les croisés devaient retourner jusque dans les montagnes du Taurus. Les chrétiens des environs proposèrent des vivres aux croisés à des prix prohibitifs. Le patriarche orthodoxe de Jérusalem en exil à Chypre s’en émut et, envoya gratuitement des vivres au campement et donna des ordres pour faire baisser le prix des vivres. Il ne restait que sept mille chevaux dans les campements croisés.
C’est dans ce contexte que plusieurs croisés désespérés désertèrent et retournèrent en Europe. Foucher de Chartres rapporte que le 22 janvier 1098, Tancrède ramena au campement Pierre l'Ermite et Guillaume le Charpentier qui venaient de déserter. Pierre l'Ermite fut pardonné, mais Guillaume le Charpentier passa la nuit debout dans la tente de Bohémond. Il dut promettre de rester avec l'armée jusqu'à Jérusalem. Ce dernier brisera plus tard son serment pour déserter à nouveau. Début février 1098, le commandant byzantin Tatikios quitta précipitamment Antioche. Les chroniqueurs nous rapportent plusieurs versions différentes des faits mais tous s’accordent à écrire que son départ ne fut pas ébruité pour éviter la panique chez les croisés. A partir de ce moment les chefs croisés n’avaient plus l’obligation de remettre Antioche à Byzance étant donné que le représentant de l’Empereur s’était déshonoré en fuyant le combat (Voir les Gesta Francorum). Les croisés se croyaient abandonnés par Dieu, et beaucoup étaient au bord du renoncement.
Pour couronner le tout, fin Février 1098, une armée Musulmane se dirigeait vers Antioche, conduite par Redwan qui s'était réconcilié avec son vassal. En plus de son armée il y avait également celles de son cousin Sokman d'Amida et de son beau-père, l'émir d'Hama. Redwan reprit Harim aux croisés et continua sa route.
Les chefs croisés surent néanmoins remotiver leurs troupes et, Bohémond ordonna d’envoyer toute la cavalerie pour attirer l'armée Turque sur un terrain étroit là où le lac d'Antioche se rapproche le plus de l'Oronte, tandis que l'infanterie resterait devant la ville. Les Francs attaquèrent les Turcs près du Pont de fer à l'endroit désiré. Redwan ne put tirer parti de sa supériorité numérique et de sa mobilité, et, après plusieurs charges croisées, les Turcs furent écrasés et mis en déroute. Constatant cette déroute, la garnison d'Harim déserta et les Francs réoccupèrent la place forte. Pendant ce temps, le gouverneur d'Antioche en avait profité pour effectuer une sortie contre les fantassins croisés, ces derniers avaient résisté héroïquement. Plus tard, quand le gouverneur apprit la défaite de Redwan il se replia à nouveau derrière ses remparts.
Cette victoire redonna le moral aux croisés, sans toutefois régler le problème d'approvisionnement. Godefroy décida de durcir le siège en construisant de nouvelles tours devant les portes de la ville. Le 4 mars, une flotte anglaise avec des pèlerins italiens mouillait au port de Saint-Siméon, Bohémond et Raymond s’y rendirent afin de ramener sous bonne garde les hommes et les matériaux vers Antioche.
Sur le chemin du retour, quelques jours plus tard, les croisés furent attaqués par les Musulmans. Les Francs s’enfuirent vers leur campement à Antioche abandonnant tout sur place ! Dans le même temps à Antioche Godefroy devait repousser les sorties quotidiennes des Turques, ce qui à la longue entamait encore un peu plus le moral des croisés. Dès qu’il y eut une accalmie, les croisés se lancèrent à la poursuite des troupes musulmanes responsables de la razzia, ils les retrouvèrent, les mirent en déroute et revinrent avec tout l'équipement dérobé. Dans cette équipée les Musulmans perdirent environ 3 000 hommes et les croisés 1 000, si l’on en croit Raymond d'Aguilers, Anselme de Ribemont, Albert d'Aix et Étienne de Blois.
Les matériaux ramenés de Saint-Siméon permirent la construction d'une forteresse près du pont fortifié, et les croisés la surnommèrent mahomerie, Raymond fut chargé de la défendre. Une autre tour fut construite près de la porte de Saint-Georges, et assignée à Tancrède. Le blocus commençait à produire son effet mais l’accès à la porte de fer n’était toujours pas sous contrôle des croisés. Dès le printemps, le problème d’approvisionnement des croisés était réglé, et la famine régnait maintenant à l'intérieur des remparts.
Bientôt une rumeur se propagea concernant l’arrivée imminente d'une armée musulmane conduite par Kerbogha, pour délivrer les assiégés. En Mars Godefroy reçu une ambassade du calife fatimide d'Égypte (ennemis des Turcs), les Fatimides suggéraient la partition de la Syrie, le nord aux croisés, le sud pour eux-mêmes. Les croisés refusèrent, et l'ambassade retourna au Caire accompagnée de délégués Francs pour continuer les négociations, mais aucun accord ne fut trouvé.
Dans ces conditions, le vizir fatimide al-Afdal envoya une armée vers la Syrie, et reprit Jérusalem aux Turcs Seldjoukides en août 1098, puis réoccupa la région jusqu'au nord de Beyrouth. Début Mai, Kerbogha quitta Mossoul avec son armée renforcée par des détachements Persans et irakiens, ainsi que des armées mésopotamiennes. Sûr de ses forces pléthoriques il prit tout son temps, et fit un détour par Edesse occupée par Baudouin de Boulogne, dont il organisa le siège. Ce dernier résista très bien et ne céda point, au bout de 3 semaines de vains combats, Kerbogha leva le siège pour partir vers Antioche.
Averti de la situation Godefroy avait décidé d’agir immédiatement, Bohémond négocia financièrement avec Firouz, un Arménien, qui accepta de lui donner accès aux tours qu'il contrôlait, à savoir, la tour des Deux Soeurs et les deux tours adjacentes, devant la tour de Tancrède. Bohémond, sans mentionner ses tractations secrètes, exigea des autres barons qu’ils reconnaissent sa suprématie sur la ville, s’il parvenait à y entrer le premier. Les autres seigneurs étaient prêts à la lui laisser, mais Raymond refusa car il désirait également la ville pour lui-même. Finalement, les barons décidèrent qu’en l’absence d’Alexis 1er, si les troupes de Bohémond étaient les premières à entrer dans la ville, celle-ci lui serait accordée.
Avec la rumeur persistante de l'arrivée imminente de l'armée de Kerbogha, un climat de panique s'installa dans les campements croisés. Les déserteurs furent nombreux à quitter les campements, le 2 juin, une armée importante de Francs du nord dirigé par Étienne de Blois prit la route du retour vers Iskenderun (Voir les Gesta Francorum). Il fallait faire vite et le jour même, Firouz acheté par Bohémond était prêt à lui livrer la ville, tous deux mirent en place le scénario suivant : l’armée de Bohémond feindrait d'aller à la rencontre de Kerbogha, et, à la nuit tombée, Bohémond reviendrait sans bruit à Antioche devant la section du rempart sous la garde de Firouz qui ferait semblant de se battre mais le laisserait entrer dans la ville. Bohémond exposa son plan aux chefs Francs, il fut accepté, le jour même Bohémond quitta Antioche avec son armée en direction du nord, et, au milieu de la nuit, le contingent de Bohémond était discrètement revenu devant la tour des Deux Soeurs tandis que le gros de l'armée attendait en face du pont fortifié. Une échelle fut dressée contre la tour et Firouz accueillit soixante chevaliers et Bohémond lui-même.
Les Normands prirent contrôle de la section défendue par Firouz, puis quelques chevaliers ouvrirent la porte de Saint-Georges puis celle de la porte du pont fortifié. Le 3 juin l’armée Franque entra dans la ville, aidée des Grecs et des Arméniens, massacra tous les Musulmans qu'elle rencontra y compris dans la confusion, des chrétiens orientaux. Yaghi Siyan prit la fuite accompagnée de ses gardes. Dans sa fuite effrénée il tomba de cheval, et fut abandonné par ses fidèles, un paysan arménien le reconnut et lui coupa la tête qu'il ramena à Bohémond. Les croisés avaient gagné mais les musulmans étaient toujours maitres de la citadelle à l’intérieur de la ville. Godefroy sagement n’engagea pas le combat et décida de les affamer.
Le 7 juin l'armée de Kerbogha arrivait, les Musulmans attaquèrent la ville le 9 juin, mais les Francs occupaient en masse les remparts de la ville. Alors, l'atabeg décida de faire le blocus de la ville pour l'affamer.
En une semaine, les croisés passaient du statut d’assiégeant à celui d’assiégé, ils étaient démoralisés. Les croisés tentèrent une sortie le 10 juin, mais furent repoussés en subissant de lourdes pertes.
Le même soir, un groupe de Francs, dirigé par le beau-frère de Bohémond, Guillaume de Grant-Mesnil, déserta en traversant les lignes ennemies et atteignit le port de Saint-Siméon. Ils persuadèrent les marins génois que la croisade était perdue et se firent transporter à Tarse (Voir les Gesta Francorum) . Ils furent rejoints un peu plus tard par Étienne de Blois (*). De Tarse, les déserteurs Francs naviguèrent jusqu'à Adalia, puis traversèrent l’Anatolie en juin, ils rencontrèrent Alexis 1er qui se trouvait à Philomelium et se dirigeait vers Antioche. Les déserteurs justifièrent leur fuite, en affirmant qu'Antioche était tombée à nouveau aux mains des Turcs.
Alors, l’empereur Byzantin Alexis 1er toujours aussi courageux, décida immédiatement de rebrousser chemin.
(*) Notons que de retour à Blois, il fut très fraîchement accueilli par sa femme Adèle d'Angleterre, fille de Guillaume le Conquérant offusquée d'être mariée à un lâche. Elle l’implora de penser à sa réputation et lui demanda de retourner en Terre sainte. C’est ainsi que par amour pour son épouse Il rejoint la seconde vague de participants à la première croisade qui partit au printemps 1101. Il rachètera sa faute par une conduite héroïque au combat ou il trouvera la mort à Ramla, le 19 mai 1102. Albert d'Aix rapporte qu'il fut capturé puis décapité.
Nous étions en Juin 1098 et Kerbogha continuait le siège d’Antioche. Les Croisés avaient trouvé des vivres lors de la prise de la ville, mais deux semaines plus tard, il n’y avait plus rien à manger et la famine s’invitait de nouveau chez les croisés (Voir les Gesta Francorum) qui crurent que ces malheurs ne finiraient jamais. Gérard de Saint-Omer se souvenait que deux ans auparavant il était pressé de partir en répétant comme les autres que le soleil ferait le plus grand bien aux croisés du nord qui vivaient dans le froid et sous la pluie la majeure partie du temps. Le soleil ne s’était pas dérobé il était bien présent et aujourd’hui, Gérard en venait à regretter sa Flandre pluvieuse et froide, comme les autres il mourrait de soif et il avait faim. Il se demandait d’ailleurs comment il pouvait avoir aussi faim dans une pareille fournaise !
Le moral était à son plus bas niveau, quand le 10 juin, un pèlerin de l'armée provençale, Pierre Barthélemy, certifia avoir eu une apparition concernant la sainte lance. Il indiqua qu’elle se trouvait dans la cathédrale de Saint-Pierre. L'évêque Adhémar du Puy ne fut pas convaincu, mais Raymond le fut, et, immédiatement des fouilles furent entreprises.
La nouvelle de cette vision se répandit parmi les croisés affamés et désespérés. Le même soir, un prêtre provençal, Étienne de Valence, annonça aux barons réunis qu'il avait eu une vision du Christ et de la Vierge demandant aux croisés de se repentir de leurs péchés, puis qu’ils recevraient un signe du ciel avant cinq jours. Étienne, ayant une meilleure réputation que Pierre Barthélemy et ayant juré sur les Saintes Écritures, fut cru par Adhémar. Les croisés laissèrent éclater leur joie lors de l'apparition d'une étoile filante dans la nuit du 13 au 14 juin.
Le 15 juin, en fouillant la cathédrale, Pierre Barthélemy trouva un morceau de fer fiché sur une lance cassée, c'était la Sainte Lance ! La nouvelle de la découverte se répandit comme une trainée de poudre dans la ville et la relique fut conduite dans les quartiers de Raymond. Le gros des troupes ne douta pas de l'authenticité de la relique et il ne se trouva personne pour gâcher cette fête sainte.
Le 27 juin, Bohémond fut informé des discordes qui régnaient dans le camp de Kerbogha. Les différents émirs se disputaient entre eux. Les barons, saisirent l’occasion pour demander à l'atabeg de lever le siège, en envoyant une délégation composée Pierre l'Ermite et d'Herluin qui parlait l'arabe. Pour toute réponse Kerbogha exigea une reddition sans condition.
Les Francs sans attendre se préparèrent pour la bataille.
Tôt le lendemain matin, l'armée se divisa en six sections :
les Français et les Flamands sous le commandement d’Hugues de Vermandois et Robert de Flandres,
les Lorrains sous le commandement de Godefroy,
les Normands de Normandie sous le commandement de Robert CourteHeuse,
les Provençaux dirigés par Adhémar du Puy,
les Italiens et les Normands d'Italie formèrent les deux dernières divisions sous les commandements de Tancrède et Bohémond, Raymond demeura à l'intérieur de la ville et se chargea de surveiller la garnison Turque de la citadelle avec 200 hommes. Les troupes sortirent de la ville par le pont fortifié et prirent position dans la plaine en face de la ville. Le moral était au plus haut car la " Sainte Lance ", accompagnait les Croisés ( relaté par le chroniqueur Raymond d'Aguilers ).
Kerbogha, en supériorité numérique et très confiant laissa les Francs sortir de la ville et prendre position sans les attaquer. Une fois les croisés déployés pour le combat, ils se mirent à chanter, l'atabeg déconcerté hésita devant une telle attitude.
Afin de comprendre ce qui se passait dans les rangs des croisés il demanda une trêve, mais les Francs pour toute réponse avancèrent. Kerbogha attaqua l'aile gauche franque qui cheminait le long de l'Oronte. Renaud de Toul et ses troupes chargèrent le centre de l'armée Turque, et, malgré un déluge de flèches les croisés transpercèrent les lignes Turques.
Devant ce spectacle inattendu de nombreux Chefs Musulmans mécontents de la stratégie de Kerbogha, désertèrent le champ de bataille. Kerbogha fit incendier les champs devant ses guerriers pour ralentir les Francs et pour raisonner ses chefs, mais la cavalerie lourde Franque traversa les flammes et continua le combat. Les pertes furent très lourdes des deux côtés, après deux heures de combat, ce qui restait de l'armée Turque déserta le champ de bataille. Les croisés poursuivirent les fuyards jusqu'au Pont de fer. Presque tous furent tués et les paysans chrétiens des environs achevèrent les blessés Musulmans. Kerbogha retourna à Mossoul.
Enfin devant un tel désastre La garnison Turque de la citadelle située dans la ville (celle que Godefroy tentait d’affamer) se rendit à Bohémond après la bataille.
Le 28 juin, Antioche était Chrétienne.
Tous les seigneurs Croisés dépêchèrent des estafettes en Europe pour annoncer la nouvelle et demander des renforts afin de conserver ce qui venait d’être conquis. Les Croisés n’en revenaient pas eux-mêmes d’avoir une fois de plus vaincu un ennemi bien supérieur en nombre !
La sainte lance fut l’objet de toutes les attentions, et une procession fut organisée dans la ville, les Croisés les plus robustes cheminèrent pieds nus.
Jérusalem 1099
Le 7 juin 1099, trois ans après leur départ d'Occident, les soldats du Christ, déguenillés, tombèrent à genoux en pleurant lorsqu'ils aperçurent au loin les remparts puissants et élevés de Jérusalem, la Ville Sainte ! Sur les 300 000 au départ de Constantinople et après avoir bataillé à Nicée, Dorylée, Césarée, Edesse, Alep, Homs, Tripoli, Damas, Antioche, Acre, ils n'étaient plus que 20 000 devant Jérusalem ! Les Croisés bénéficièrent cependant des rivalités entre musulmans. Pendant que les Turcs étaient à Antioche, les Egyptiens fatimides avaient pris la ville de Jérusalem. Godefroy de Bouillon fit dresser les tentes autour de la ville et installer les machines de sièges, les tours pour l'escalade des remparts, construites par les charpentiers génois, les catapultes et tous les engins conçus par les techniciens militaires. La garnison de la place, qui ne dépassait pas le millier, observa tous ces travaux avec étonnement et quelque crainte. Le calife égyptien envoya ses ambassadeurs auprès des chefs croisés : il promettait, comme autrefois, toute liberté aux pèlerins chrétiens pour séjourner dans la ville et visiter les lieux saints. Les chefs de la croisade tinrent conseil. Allait-on abandonner, si près du but, l'objectif principal de l'expédition et s'interdire de former des royaumes latins en Orient, alors même que certains chevaliers s'étaient déjà taillé quelques fiefs dans les territoires conquis ? Aussi exigèrent-ils une reddition sans conditions. Les musulmans refusèrent. Le siège de la ville commença. Durant quarante jours, les mille défenseurs résistèrent aux douze mille croisés qui les assiégeaient. Le 15 juillet, Godefroy de Bouillon, Tancrède et leurs hommes réussirent à escalader les remparts de la ville. A coups de hache, ils atteignirent les portes, qu'ils ouvrirent toutes grandes. Les soldats se ruèrent dans la cité. Exaspérés par les privations, exaltés par les harangues des prédicateurs, affamés, ils ne pensèrent plus qu'à se venger et à rançonner la population, comme ils l'avaient fait à Antioche. Ce fut une page peu glorieuse de la croisade qui ne dura heureusement que 48 heures.
La Première bataille de Ramla-1101
Les armées Franques du roi Baudouin 1 er de Jérusalem avec 300 chevaliers et 900 fantassins défont les Égyptiens qui sont plus de 10.000 hommes. Le roi a divisé son armée en cinq corps et prend le commandement des deux derniers, avec la chevalerie de Jérusalem accompagnée de la Vraie Croix. Les trois premiers attaquent le 7 au matin, et sont anéantis. Avec ce qui reste des troupes Baudouin écrase les Egyptiens dix fois supérieurs en nombre, puis revient le 8 à Ramla pour s'emparer de leur camp.
La Seconde bataille de Ramla-1102
Le 17 mai 1102, une armée égyptienne de 20 000 hommes, commandée par Charaf, le fils du vizir Al-Afdhal, arrive en Palestine et surprend les troupes de Baudouin 1 er de Jérusalem à Ramla , près du port de Jaffa. Le roi ne doit son salut qu’en se cachant dans les roseaux. La plupart des 500 chevaliers sont tués ou capturés. Charaf tergiverse pour reprendre Jérusalem et son indécision permet aux renforts Francs d'arriver par mer, Charaf doit retourner en Égypte. En 1103 et 1104, le vizir du Caire lancera de nouvelles expéditions contre les Francs en vain .
La Bataille de Harran-1104
En 1104, les croisés sont installés en Terre Sainte et les décès ou captures des principaux chefs croisés n’ont pas réussi à mettre en péril leur installation. En effet, contrairement aux musulmans où la disparition d'un prince entrainait des luttes de succession et de pouvoir, au sein des États latins d'Orient, à la mort ou à la capture d'un prince, un successeur était immédiatement nommé. Barkiyârûk, sultan depuis 1104, se dispute avec son frère Muhammad qui réclame un fief, prétendant partager le sultanat, et à son oncle Sanjar qui profite de la guerre entre ses deux neveux pour s'affranchir de leur tutelle. Barkiyârûk se rend compte que cette guerre mène le sultanat à sa ruine et accepte un partage avec son frère. Il lui confie la région de Mossoul, le Jazira et la suzeraineté nominale sur la Syrie. Barkiyârûk marque clairement son désintérêt des affaires syriennes, et Muhammad ne réussit pas à se rendre maître de son fief et à se faire reconnaître suzerain des émirs syriens. Profitant de cette désorganisation, Baudouin du Bourg, comte d’Édesse décide de s’emparer de la forteresse de
Harran
. Cette place forte, si elle est prise, ouvre aux croisés la route de Mossoul et de Bagdad. Comme Baudouin ne dispose pas de forces suffisantes pour cela, il demande l’aide de son vassal Josselin de Courtenay, seigneur de Turbessel, et de ses voisins, Bohémond de Tarente, prince d’Antioche, et Tancrède de Hauteville. La situation est propice car, Harran qui était gouverné par un Turc, Qarâjâ très impopulaire avait été tué par un de ses lieutenant, Muhammad d’Isfahan, lui-même ensuite assassiné par Jawali, un fidèle de Qarâjâ. L’émir de Mossoul, Jekermish est aux prises avec un de ses voisins et ennemi, Il Ghazi ibn Ortoq.
Baudouin et Josselin arrivent à Harran avec tous leur chevaliers Francs. Bohémond et Tancrède arrivent avec trois mille cavaliers et sept mille fantassins. Lorsque les troupes franques arrivent aux abords de la place forte, au printemps 1104, celle-ci suite aux troubles n'avait plus de réserves de vivres. Les Francs pensent alors qu’un blocus de la ville suffira à la faire tomber et négligent d’installer des mangonneaux pour entamer les fortifications. Lorsque la ville est sur le point de se rendre, au début du mois de mai, une querelle éclate entre Baudouin et Bohémond à propos du premier étendard à dresser sur la muraille et les Francs décident de remettre au lendemain la prise de possession de la ville.
De leur côté, Soqman ibn Ortoq, le frère d’Il Ghazi, et Jekermish se réconcilient pour faire front commun aux Francs. Soqman, avec sept mille cavaliers turcomans, et Jekermish, avec trois mille cavaliers turcs, arabes et kurdes font leur jonction à Khâbûr et se dirigent vers Harran. Les Francs, qui prévoient de prendre possession de la ville, se portent à la rencontre de l’armée musulmane en apprenant son arrivée imminente. Selon les chroniqueurs Albert d’Aix, Ibn al-Athir et Raoul de Caen, il semble que les Francs prévoient un mouvement d’encerclement. Le corps d’armée composé des forces d’Édesse est chargé d’engager le combat contre les Turcs, tandis que les forces d’Antioche doivent attendre que le combat soit engagé pour encercler les forces turques. Mais dès le premier choc, les Turcs recourent à leur tactique habituelle, la fuite simulée, et l’armée d’Édesse se met à poursuivre les Turcs, loin de l’armée d’Antioche et fonce droit dans une embuscade où ils se retrouvent face à dix mille turcs qui n’ont pas de difficultés à les battre épuisés par la poursuite. Les Normands d’Antioche n’ont aucun mal à défaire les troupes turques envoyées en leurre, mais lorsqu’ils voient revenir l’armée d’Édesse en déroute et poursuivis par les Turcs, ils comprennent que la bataille est perdue et profitent de la nuit tombante pour fuir à leur tour et parviennent à revenir à Édesse.
Baudouin du Bourg et Josselin de Courtenay sont capturés, après que leurs chevaux se soient embourbés en tentant de traverser le Balîkh, une rivière entre Harran et le champ de bataille. Les soldats qui réussissent à franchir cette rivière sont en proie aux habitants d’Harran qui, apprenant la victoire musulmane, se mettre à battre la campagne pour tuer les Francs isolés. Pour la première fois, les Francs que les populations locales croyaient invincibles subissent une grave défaite qui met définitivement fin à leur expansion dans l'arrière pays syrien. L'issue de cette bataille nuit considérablement à leur prestige auprès des populations chrétiennes d’Orient. Leurs rivaux et leurs ennemis profitent de l'affaiblissement de la principauté d'Antioche pour regagner du territoire : les Turcs d’Alep reprennent Artâh et les Byzantins s'emparent de la Cilicie et Lattakié. Mais les vainqueurs de la bataille ne parviennent pas à exploiter leur victoire, car ils se disputent immédiatement les prisonniers et se séparent. Jekermish assiège Édesse, défendue par Tancrède de Hauteville, qui a réussi à rejoindre la ville et à organiser la défense. Cela donne à Bohémond de Tarente le temps de lever une armée à Antioche et à marcher sur Édesse, obligeant Jekermish à lever le siège. Soqman est appelé par le cadi Fakhr al-Mulk et marche avec son armée pour dégager Tripoli assiégé par Raymond de Saint-Gilles, mais succombe à Baalbek d’une maladie. Tancrède de Hauteville assure la régence d’Edesse et, afin de conserver les revenus du comté, manœuvre pour prolonger la captivité de Baudouin qui ne sera libéré qu’en 1108. Une brouille opposera alors Tancrède et Baudouin, à tel point qu’on verra Baudouin du Bourg allié à Jawali, alors émir de Mossoul, affronter Tancrède allié à Ridwan, sultan d’Alep, au mois d’octobre 1108, guerre qui causera la mort de deux mille Francs.
La Troisième bataille de Ramla-1105
Le 27 août 1105, Baudouin 1 er de Jérusalem repousse une offensive fatimide appuyée par l’atabek (Seldjoukide) de Damas.
La Bataille du Champ du Sang 1119
La bataille de l'Ager Sanguinis, ou
Champ du Sang
, ou bataille de Balat, opposa la principauté croisée d'Antioche et le gouverneur Ortogide d'Alep en 1119. Le Turc Ortogide Il-Ghazi se rend maître d’Alep et défait l’armée d’Antioche près d’Artah. Roger de Salerne est tué et le nombre des morts est si grand que le lieu de la bataille prend le nom d’ager sanguinis, Le «Champ du Sang». En 1117, l'Ortogide Ilghazi devint Atabey (gouverneur) d'Alep. En 1118 Roger captura Azaz, qui était sorti d'Alep pour attaquer les chrétiens Ilghazi riposta en envahissant la principauté en 1119. Roger sortit d'Artah avec Bernard de Valence, le patriarche latin d'Antioche. Bernard conseillait d'y rester car Artah était une puissante forteresse très proche d'Antioche et Ilghazi n'aurait pas pu aller plus loin si on la tenait. Le patriarche suggéra aussi à Roger d'appeler Baudouin, devenu entre temps Roi de Jérusalem, ainsi que Pons. Mais Roger ne voulut pas attendre leur arrivée.
Roger s'installa dans le défilé de Sarmada pendant qu'Ilghazi assiégeait le château d'El-Atharib. Un petit détachement commandé par Robert du Vieux-Pont voulut rompre le siège. Alors Ilghazi fit semblant de battre en retraite, stratagème turc habituel qui marcha une fois de plus : Les gens de Robert quittèrent le château et tombèrent dans l'embuscade. Ilghazi attendait aussi des renforts de Tughtekin, l'émir bouride de Damas, mais lui aussi se trouva fatigué d'attendre, aussi encercla-t-il le camp de Roger dans la nuit du 27-28 juin 1119. L'armée de Roger était forte d'environ 3 700 hommes (700 chevaliers et 3 000 fantassins, dont des turcoples formant 3 bataillons commandées par Roger, Geoffroy le Moine et Guy Fresnel. Dès que les musulmans ( certainement en nette supériorité, situation habituelle pendant cette période ) arrivèrent, le cadi Abou El-Fadl Ibn El-Khachab, portant le turban de sa dignité mais brandissant une lance, caracola devant les combattants. Ils commencèrent par être stupéfaits d'être harangués par un lettré mais à la fin de sa prédication passionnée sur les devoirs et mérites des combattants de la guerre sainte, si l'on en croit Kamal Ed-Din chroniqueur contemporain d'Alep, ces massacreurs professionnels éclatèrent en larmes et coururent au combat. Le matin du 28 juin, l'armée normande engagea le combat avec avantage mais les Turcs reprirent vite le dessus. Robert de Saint-Lô et les turcoples furent rejetés sur la ligne de Roger, qui fut disloquée. Durant la mêlée, Roger fut tué d'un coup d'épée en plein visage au pied de la grande croix ornée de pierres précieuses qui lui servait d'étendard. Le reste de l'armée fut exterminée : 2 chevaliers seulement survécurent ! L'un d'eux, Renaud Mazoir, se réfugia dans le château de Sarmada pour attendre le roi Baudouin 1 er de Jérusalem mais fut plus tard pris par Ilghazi. L'autre Guillaume le Chancelier, qui plus tard raconta la bataille.
La Bataille de Ba'rin-1137
La bataille de Ba'rin (ou Mont Ferrand) se déroula en juin 1137. L'armée du roi de Jérusalem Foulque V d'Anjou y fut défaite par l'atabeg de Mossoul Zengi. Celui-ci s'empara alors définitivement du château de Ba'rin. Foulque d'Anjou, qui s'était laissé enfermer dans la forteresse, dut verser 50.000 dinars pour pouvoir se retirer avec le reste de ses troupes.
La Bataille d'Inab-1149
Après la mort au combat de Raymond de Poitiers (1115 † 1149), le 29 juin lors de la bataille d'Inab , Nour ad-Din Mahmûd el Mâlik al Adil achève la reconquête du comté d'Édesse, et s'empare de la principauté d'Antioche ainsi que des dernières places fortes d'outre Oronte (Apamé, Artah et Albara).La tête de Raymond sera envoyée dans un coffre d'argent au calife de Bagdad.
Le second siege d'Ascalon-1153
En 1150, Baudouin III de Jérusalem se rendit avec toute son armée sur l’emplacement de l’antique Gadres (aujourd’hui Gaza), qui n’était plus qu’un tas de ruines, avec la ferme intention de lui redonner vie. L’emplacement avait été choisi avec un remarquable discernement stratégique puisque Gadres, sise à quelques 20 kilomètres au sud
d’Ascalon
, coupait tout lien terrestre entre cette dernière et l’Egypte. Relevant les anciennes murailles de la ville, Baudouin établit une véritable forteresse sur la butte qui constituait anciennement la ville haute. La construction fut achevée au printemps, et la cité donnée aux Templiers. La relève de la garnison ascalonite éprouva d’ailleurs tout de suite la force de la nouvelle forteresse en se heurtant à la pugnacité des frères du Temple. Dès lors, les relèves de la garnison ne se feraient plus que par mer. Baudouin III, profitant de troubles en Egypte à la cour du calife fâtimide, parut sous les murs d’Ascalon avec son armée le 25 janvier 1153. Pour marquer sa détermination à prendre la ville, il s’était fait accompagné par tout le clergé de Jérusalem ainsi que de la Vraie Croix, lesquels devaient insuffler l’élan mystique propre à permettre de réduire la ville qui, depuis cinquante ans déjà, défiait la couronne de Jérusalem. Gérard de Sidon fut chargé d’assurer le blocus des communications maritimes à l’aide de ses quinze galères, tandis que sur terre étaient dressées toutes les machines nécessaires à un siège en règle. Au dire des chroniques, ce siège fut particulièrement agréable pour les assiégeants, qui purent jouir des bienfaits des jardins, vignobles et vergers d’Ascalon. Le siège durait depuis plus de deux mois lorsqu’aux environs de Pâques, parurent les renforts annuels de pélerins en provenance d’Occident, lesquels vinrent peu à peu grandir les rangs des assiégeants. Ces derniers construisirent finalement une immense tour de bois, recouverte de cuir pour échapper aux flammes et dont la hauteur était suffisante pour dominer la muraille et accabler les défenseurs de traits. Le gouvernement fâtimide, malgré les luttes intestines dont il faisait l’objet, parvint tout de même au bout de cinq mois de siège à envoyer aux assiégés une importante flotte de près de soixante dix navires, lesquels firent se replier à leur arrivée les nefs franques postées devant la ville. Cette arrivée inespérée rendit le moral aux assiégés, qui dès lors devinrent plus audacieux. Alors que les machines de siège continuaient leur inéxorable bombardement, les assiégés prirent le parti d’incendier la haute tour de bois en amoncelant dans l’intervalle la séparant du rempart qu’elle dominait un ensemble de sarments badigeonnés d’huile et de poix, auquel ils mirent le feu. Cependant, ce stratagème s’avéra désastreux car un léger vent détourna la flamme du « château de fût » et la repoussa vers les murailles, dont un pan de mur s’effondra au petit matin. Les Templiers furent les premiers à se ruer dans la brèche dont ils interdirent pour une raison assez floue, l’accès aux autres combattants. Si, dans un premier temps, les assiégés furent en proie à la stupeur et la panique, la vue de la quarantaine de Templiers entrés seuls dans l’enceinte leur fit reprendre courage, et ces derniers se virent rapidement submergés, pendant que des poutres étaient hâtivement amenées des navires pour combler la brèche. Après quoi, les assiégés pendirent aux murs de la ville les dépouilles des quarante impudents frères du Temple et de leur maître, Bernard de Tremelay. Cette déconvenue, due selon certaines chroniques à l’égoïsme et la cupidité des Templiers, aurait certainement achevé de décourager le camp chrétien et fait lever le siège si le clergé n’était pas intervenu pour convaincre les « clercs » de continuer l’entreprise. Il semble que peu après cet épisode, les Égyptiens, ragaillardis par leur précédent succès face aux Templiers, opérèrent une sortie et qu’une véritable bataille ait eu lieu sous les murailles d’Ascalon, se soldant par un cinglant revers pour les assiégés.
Devant l’inexorable détermination franque, les Ascalonitains se résignèrent à demander l’âman. Une délégation de notables fut à cet effet envoyée au roi Baudouin 1 er de Jérusalem pour demander une capitulation honorable, ce qui leur fut accordée. Le 19 août 1153, après six mois de siège, les habitants et la garnison d’Ascalon évacuèrent la ville, en bon ordre et « avec tout leur harnois ». Conformément à la promesse du roi, cette évacuation se déroula sans anicroche, les troupes royales accompagnant même les Ascalonitains jusqu’à Laris ( El – Arish ), à l’orée du delta du Nil. L’entrée des Francs dans la cité, en procession derrière la Vraie Croix, se fit dans une ferveur rappelant les premiers temps de la conquête. Cette précieuse victoire complétait l’oeuvre des premiers rois de Jérusalem, parachevant ainsi la maîtrise Franque du littoral et ouvrant surtout de nouvelles perspectives d’expansion, dorénavant toutes tournées vers l’Egypte fâtimide, alors en pleine décadence. Ainsi, durant les deux décennies suivantes, Ascalon devint de lieu de rassemblement des armées latines en partance pour l’Egypte sous la férule de l’infatigable roi Amaury de Jérusalem, qui organisa durant son règne pas moins de six expéditions vers le Delta.
La Bataille du gué de Jacob-1157
La bataille du gué de Jacob ou bataille du lac Méron a lieu le 19 juin 1157. Elle voit la défaite des Francs et la capture de 80 Templiers dont le Grand-Maître Bertrand de Blanquefort par Nur ad-Din.
La Bataille d'Harenc-1165
En août 1164, Nour ed Din marcha sur Harrenc . Une armée franque, grecque, arménienne et des contingents de l'Hôpital et du Temple s'assemblèrent. L'émir affecta de battre en retraite pour les attirer dans la Plaine d'Artah. Malgré l'opposition de Renaud de Saint Valéry, seigneur de Harrenc, les Chrétiens poursuivirent les Musulmans. Le 11 août ils furent écrasés et le 12, Nour ed Din prit possession de Harrenc. En 1177, Bohémond III demanda à Philippe d'Alsace, Comte de Flandre, de l'aider à reprendre Harrenc. L'armée parut devant la place fin de novembre 1177, devant la résistance acharnée de la garnison, les Francs abandonnèrent le siège en mars 1178.
La bataille de Montgisard-1177
Profitant de l'absence de presque toutes les armées franques parties guerroyer en Syrie du nord, Saladin prit la tête de ses armées et marcha rapidement vers le royaume de Jerusalem. Apprenant l'arrivée de Saladin dans les royaume, les Templiers se barricadèrent dans leur forteresse de Gaza qui se trouvait sur le chemin des envahisseurs, tandis que Baudouin IV, le Roi Lépreux, rassembla 500 chevaliers, prit la Vraie Croix et marcha vers Ascalon pour la défendre. Voyant Gaza bien défendue par les Chevaliers du Temple, Saladin laissa la ville derrière lui et se dirigea vers Ascalon, où il y trouva Baudouin IV retranché derrière les murailles. Sachant ainsi les derniers défenseurs francs tous retranchés à Ascalon, Saladin décida de continuer sa marche vers Jerusalem, mais au lieu de s'y rendre directement, il laissa ses armées s'éparpiller dans le pays pour piller et détruire les petites villes et villages rencontrés. Baudouin IV fit avertir les Templiers de Gaza, et lorsqu'il eut réuni ses forces et celles du Temple, moins de 600 chevaliers, il décida de porter secours à Jerusalem pour combattre l'ennemi en campagne, plutôt que de rester enfermer dans des murs.
Les francs établirent un énorme mouvement tournant en longeant la côte vers le nord et ensuite en descendant vers le sud-est à la rencontre de Saladin. La rencontre eut lieu au sud de
Montgisard
, dans l'Oued de Tell al-Safiya. En infériorité numérique écrasante, les chevaliers francs n'hésitèrent pas un instant à fondre sur les armées musulmanes dispersées dans l'Oued et ils massacrèrent un nombre important d'ennemis dont plusieurs généraux de Saladin. Saladin, devant la débâcle de ses troupes se réfugia au sein de sa garde d'élite, composée de mille mameluks. La chevalerie franque se regroupa pour charger cette dernière résistance, enfonca les lignes musulmanes et parvint presque jusqu'à Saladin qui faillit être tué au cours des affrontements. Sauvé par la nuit qui tombait sur le champ de bataille, Saladin ordonna la retraite et s'enfuit vers l'Egypte avec les lambeaux de son armée .
Ce fut l'une des plus belles victoires franques de toute l'histoire des Croisades et des Etats Latins d'Orient .
La Bataille de Marj Ayoun-1179
Victoire de l'Ayyoubide Saladin contre une armée croisée conduite par le roi Baudouin IV de Jérusalem. Le roi chrétien, atteint de la lèpre, a échappé de peu à la capture. En 1177, Saladin avait tenté d'envahir le royaume de Jérusalem depuis l'Égypte. Baudouin, avec une armée infèrieure en nombre avait réussi à prendre son armée par surprise et à lui infliger une cuisante défaite. En 1179, Saladin essaie de nouveau, à la tête d'une armée enn provenance de Damas. Mais la sécheresse qui sévit en Syrie diminue les récoltes des états musulmans. Saladin installe son armée à Banias et envoie des raids pour piller les villages et les campagnes autour de Sidon, pour ramener ce qu'ils pouvaient en récolte et détruire le reste. Les fermiers et les villageois pillés ne sont plus en mesure de payer les loyers et les impôts à leurs seigneurs. Si la politique de saccage de Saladin n'est pas interrompue, le royaume de Jérusalem disparaitra. En réaction, Baudouin IV marche à la tête de son armée en direction de Tibérias, au bord de la mer de Galilée. Il poursuit sa route vers Safed, puis vers le château de Toron, près de Tyr. Rejoint par les Templiers menés par Eudes de Saint-Amand et un détachement du comte Raymond III de Tripoli, Baudouin prend la direction du nord
Juché sur un mont à 900 mètres d'altitude ( que Guillaume de Tyr nomme Mesaphar ), les Francs repèrent le camp de Saladin. Baudouin et son conseil décident de descendre dans la plaine pour l'attaquer. Alors que les troupes Franques descendent du plateau, les chevaliers et les fantassins se séparent. Après quelques heures, la chevalerie rencontre des troupes sarrasines commandées par Farrukh-Shâh, neveu de Saladin, qui reviennent d'un raid et les chevaliers croisées, au nombre de six cents défont aisément la horde musulmane le 9 juin. Mais quelques éclaireurs leur échappent et arrivent au camp de Saladin, et les soldats croisés ne peuvent pas maitriser les troupeaux ramenés par les pillards qui fuient vers le camp ayyoubide. Croyant la bataille gagnée, les Francs baissent leur garde, ils restent dispersés, les Templiers et les chevaliers de Tripoli patrouillent entre
Marj Ayoun
et la Litani, tandis que l'infanterie se repose de sa marche forcée. Saladin, avertit par les rescapés de l'escarmouche, donne l'alarme et met son camp en état de défense, craignant une incursion Franque. En raison de la dispersion des troupes Franques, cette incursion ne vient pas et Saladin décide d'attaquer les Croisés. Fatigués, les Francs sont sévèrement battus. Ce sont d'abord les troupes templières et celle de Tripoli qui se heurtent aux troupes musulmanes et qui sont rapidement désorganisées. Très rapidement, le reste de l'armée Franque prend la fuite. Baudouin IV échappe de peu à la capture. Incapable de monter un cheval à cause de la lèpre, il est évacué par un chevalier alors que sa garde se fraie un chemin à travers les lignes sarrasines. De nombreux rescapés Francs fuient et trouvent refuge au château de Beaufort à environ huit kilomètres au sud du champ de bataille. Les fuyards croisent les troupes que Renaud de Sidon apporte en renfort, et lui assurent de l'inutilité de poursuivre plus avant. Les témoins de la bataille attribuent la défaite à Eudes de Saint-Amand, maître de l'Ordre du Temple, qui est capturé au cours de la bataille et qui meurt en captivité le 9 octobre 1179. Aux dires de l'Estoire d'Éracles, il serait allé de l'avant en entrainant les chevaliers de Tripoli au lieu de rester aux côtés du roi, causant la dispersion des troupes du royaume.
Saladin profite de son avantage pour assiéger le Chastelet que Baudouin IV venait de faire édifier au Gué de Jacob. Durant les années qui suivent, les chefs Francs deviennent plus prudents, et les campagnes suivantes, la bataille de Belvoir (1182) et la bataille d'Al-Fule (1183) seront plus étudiées.
La Bataille du gué de Jacob-1179
Les Templiers, s’étaient érigés en puissance foncière. Ceux-ci avaient choisi un lieu stratégique, passage entre la Palestine et la Syrie au Gué de Jacob sur le Jourdain, pour construire une forteresse militaire. La bataille du gué de Jacob , au Sud du lac de Hûlé et au Nord Ouest du Chastel-Neuf, se déroula en 1179, entre les forces de Baudouin IV Roi de Jérusalem et celles de Saladin. Elle marque la prise du Chastellet du Gué de Jacob, la forteresse d'Ateret, par les forces musulmanes. En Mars 1179, les Templiers commencent la construction du Chastelet. Le 23 août, le chef militaire musulman Saladin est arrivé devant le Chastellet et a ordonné à ses troupes de tirer des flèches sur la forteresse, amorçant ainsi le siège du château. Saladin, était le premier dirigeant de la dynastie ayyoubide, qui a régné en Egypte de 1169 à 1250, en Syrie de 1174 à 1260, et qui a dirigé Damas de 1174 à 1193 et Alep de 1183 à 1193. Dans le même temps, Baudouin IV, ayant appris cette attaque, a ordonné à des renforts de Jérusalem de se mettre en route pour aller à la rescousse de la forteresse assiégée, mais trop tard. Le 30 août 1179, les envahisseurs musulmans pillèrent le château du Gué de Jacob et tuèrent la plupart de ses résidents lors d'une sanglante bataille de six jours. Le Maître de l'Ordre, Eudes de Saint-Amand, est capturé au cours du combat et emmené en captivité. Le même jour, Baudouin et son armée arrivent par Tibériade, seulement pour découvrir de la fumée à l'horizon au-dessus du Chastellet. Ils sont arrivés trop tard pour sauver les 700 chevaliers et les 800 architectes et ouvriers qui construisaient ce bâtiment. Les 700 chevaliers du Temple ont été tués et les 800 autres résidents ont été emmenés captifs. Baudouin et ses renforts se sont rabattus vers Tibériade et Saladin ordonna de démolir les restes de la fortification. Bien que Saladin ait remporté une victoire militaire au Chastellet, ses troupes ont été victimes d'un autre ennemi. Directement après le siège, les corps des 700 croisés tués ont été jetés dans le puit de la forteresse, avec des porcs... En raison de la chaleur du mois d'août, les cadavres dans la fosse ont commencé à pourrir et, par conséquent, à contaminer l'eau, Saladin perdit dees centaines d'hommes. En 1180, Saladin et Baudouin signenté une trêve, mais sept ans après cette paix entre les musulmans et les croisés, Saladin reprend Jérusalem aux chrétiens après la bataille de Hattin en 1187. Depuis la conquête réussie de Saladin au Gué de Jacob en 1179, Jérusalem était devenu extrêmement vulnérable. Après ses succès militaires, Saladin rencontre Richard Cœur de Lion, avec lequel il a été forcé de faire la paix en 1192. Il mourut l'année suivante et Baudouin IV lui, contracta la lèpre et mourut à l'âge de vingt-trois ans en 1185.
La bataille de Hattin-1187
Après le décès, à Acre, du roi Baudouin V, âgé de huit ans, le régent Raymond III de Tripoli est destitué, le trône de Jérusalem échoit à Guy de Lusignan, nouvel époux de Sibylle, la sœur du roi Baudouin IV le Lépreux, décédé le 16 mars 1185. Fin 1186, Renaud de Châtillon, seigneur d'Outre-Jourdain et de Montréal, brise la trêve en vigueur depuis près de six ans entre Francs et musulmans en s'emparant d'une caravane, pourtant sous forte escorte, qui se rend du Caire à Damas. Il en massacre les hommes en armes et emprisonne les commerçants et les caravaniers dans sa citadelle de Kérak. Par la suite, il attaque d'autres caravanes de pèlerins allant à La Mecque. Saladin patiente, préférant se consacrer à la reconstruction de son pays délabré par de nombreuses années de guerre civile entre seigneurs arabes. Il vient d'achever l’unification des musulmans, et même la ville de Mossoul, qu’il a assiégée à plusieurs reprises, a signé la paix (en 1186). La trêve, signée avec Raymond de Tripoli, doit lui permettre de préparer la riposte, mais il estime que le moment de la rompre n'est pas encore arrivé. Il envoie donc des émissaires porteurs de messages d’indignation à Renaud de Châtillon, et le somme de respecter la trêve, de relâcher les prisonniers et de restituer les biens saisis. Méprisant, Renaud lui conseille de demander à Mahomet de venir les sauver.
Saladin réunit un peu plus de 12 000 soldats à Damas, et, dès le mois de mars assiège la citadelle de Al-Karak puis la citadelle de Shaubak, avant de se diriger vers Banias près de Tibériade. Les troupes musulmanes rencontrent par hasard une délégation de barons francs, qu'elles tuent. De leur côté, les croisés s’enlisent dans leurs querelles internes. En mars 1187, Raymond de Tripoli, fort de la trêve de quatre ans signée avec Saladin et sûr de son soutien, refuse de prêter allégeance au nouveau roi de Jérusalem. Celui-ci, désireux de se débarrasser de son rival qu'il accuse de complaisance envers les musulmans, se prépare à attaquer Tibériade, qui appartient à la femme du comte de Tripoli. Alerté, ce dernier conclut une alliance avec Saladin. Le 30 avril 1187, conformément à leur alliance, Saladin demande à Raymond de Tripoli de laisser ses éclaireurs faire une reconnaissance du côté du lac de Tibériade. Le comte, ne peut refuser. Il exige cependant que les soldats musulmans quittent son territoire avant le soir. Le 1er mai, 7 000 cavaliers passent sous les murs de la ville. Le soir même, alors qu'ils font le chemin en sens inverse, ils rencontrent 150 chevaliers de l'Ordre du Temple qui ont attaqué une colonne près de Séphorie, au nord de Nazareth. C'est le massacre. Seuls trois Templiers parviennent à s'enfuir, dont le maître de l'Ordre, Gérard de Ridefort. Suite à ce désastre, Raymond de Tripoli se repent et met ses forces à la disposition de Guy de Lusignan. Le 24 juin, les Francs ont réuni 2 000 chevaliers (dont 1 200 Templiers commandés par Gérard de Ridefort et Hospitaliers, menés par le grand-maître hospitalier Garnier de Naplouse) et 13 000 fantassins. Ils sont soutenus par 40 000 mercenaires musulmans, dont 2 500 cavaliers et 7 000 fantassins payés et armés par les Templiers. En face, de nouvelles troupes ont rejoint Saladin, qui dispose au total de plus de 60 000 soldats.
Le 2 juillet, dans l'après-midi,les Francs arrivent à Séphorie. Ils disposent de vivres en quantité et d'eau à volonté, grâce aux fontaines de la cité. Pour forcer les Francs à venir à lui, Saladin attaque la cité de Tibériade où se trouve toujours la comtesse Échive de Bures, l'épouse de Raymond de Tripoli. Ses troupes réussissent à prendre la ville basse, qui est incendiée, et poussent la population à se réfugier dans la forteresse, tout en laissant passer des messagers qui rejoignent l'armée franque à Séphorie, distante d'environ 27 kilomètres de Tibériade. Saladin espère ainsi pousser les Francs à l’affrontement.
Le soir même, le roi réunit le conseil. Les trois beaux-fils de Raymond de Tripoli veulent que l'armée vole au secours de leur mère, mais Raymond s'oppose à eux : selon lui, il convient d'attendre Saladin en position de force. Renaud de Châtillon accuse Raymond de lâcheté en vain. Après la fin du conseil, Gérard de Ridefort va s'entretenir personnellement avec le roi pour le convaincre de changer d'avis. Il rappelle la réputation de traîtrise de Raymond de Tripoli et argue que cette décision serait un signe de faiblesse que les Templiers n'admettraient pas. Guy de Lusignan se range à l'avis du Maître de l'Ordre. L'armée franque, divisée en trois corps, s'ébranle le 3 juillet. Avec la chaleur les réserves d'eau sont vite épuisées. Saladin a pris soin d'empoisonner les trous d'eau. Sans jamais engager le combat, des cavaliers les harcelèrent de leurs flèches, et ralentissent la marche. Cette tactique réussit si bien, qu'au soir du 3 juillet, le roi propose de rejoindre le village de
Hattin
où se trouve l'un des rares points d'eau. Mais Saladin devine le projet et lui barre la route. À la nuit tombée, les Francs sont obligés de bivouaquer parmi les pierres brûlantes et sans eau. Ils sont harcelés, et doivent veiller pour la troisième nuit consécutive.
Au matin du 4 juillet,Saladin fait mettre le feu aux broussailles. Le vent pousse la fumée et le feu vers les croisés. Sans eau pour se rafraîchir, les Francs étouffent sous leurs cuirasses. Ils combattent néanmoins pour tenter de percer les lignes ennemies et de gagner les rives du lac de Tibériade. Raymond de Tripoli réussit à s'enfuir vers Séphorie en emmenant avec lui le fils du prince d'Antioche, ses chevaliers et quelques barons syriens. Quelques détachements réussissent également à s'enfuir vers Tyr. Le grand-maître hospitalier Garnier de Naplouse, blessé, réussit à gagner Ascalon avec quelques cavaliers.
Le roi et ses grands barons parviendront néanmoins à trouver refuge dans la forteresse de Tibériade. Le reste des troupes Franques se rassemble sur un piton basaltique appelée les Cornes de Hattin. La bataille est terrible et les morts nombreux des deux côtés. Saladin remporte une victoire écrasante, qui lui ouvre les portes de la Palestine.
La bataille d'Arsouf-1191
Après la chute de Jérusalem, une troisième croisade est lancée. Des querelles entre les rois de France et d’Angleterre retardent le projet. À elle seule, l'armée allemande de l’empereur Frédéric Barberousse pouvait inquiéter Saladin, mais la noyade accidentelle de ce dernier entraîne la dispersion de son armée. Les rois Français et anglais Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion ainsi que le grand-maitre de l'Ordre du Temple, Robert de Sablé arrivent enfin en Terre Sainte au printemps 1191 et permettent la prise de Saint-Jean-d’Acre assiégée depuis deux ans. Philippe Auguste retourne alors en France, en laissant sur place une partie des troupes françaises ( 10 000 hommes sous le commandement du duc Hugues III de Bourgogne ). Des négociations sont entamées entre Saladin et Richard Cœur de Lion, à propos de la libération des défenseurs d’Acre en échange de la restitution de la Vraie Croix et du versement d’indemnités mais, trouvant que Saladin fait traîner les choses, Richard ordonne le massacre des prisonniers musulmans, commettant ainsi une faute politique qui révolte les populations musulmanes. Richard Cœur de Lion s’engage avec son allié le Grand-maitre Templier, Robert de Sablé dans la reconquête du littoral palestinien et quittent Saint-Jean-d’Acre le 22 août 1191 en direction de Caïffa. Dès la sortie de la ville, l’armée croisée est assaillie par les cavaliers musulmans qui sont repoussés, et l’armée se regroupe en une masse compacte et protégée par les armures que les musulmans ne parviennent à entamer. Le ravitaillement est assuré par la flotte qui suit l’armée, laquelle ne s’éloigne pas des côtes. Après avoir pris sans encombre Caïffa, évacuée la veille par sa garnison, les Francs continuent leur route et arrivent en vue
d'Arsouf
le 5 septembre. Richard envoie un émissaire à Saladin pour des pourparlers et ce dernier, désirant gagner du temps délègue son frère Al-Adel. Onfroy IV de Toron sert d’interprète, mais les négociations n’aboutissent pas, et l’armée repart vers Arsouf le 7 septembre. Le poète Ambroise fait une description précise de l’ordre de marche de l’armée : d’abord les Templiers menés par Robert de Sablé, suivis des troupes angevines et bretonnes, puis Guy de Lusignan avec les chevaliers poitevins, les Normands, les Anglais, les Français avec le chevalier flamand Jacques d’Avesnes et les barons capétiens avec le comte Robert II de Dreux, son frère Philippe, évêque de Beauvais et Guillaume des Barres, et à l’arrière garde les Hospitaliers mené par Garnier de Naplouse. Henri II, comte de Champagne, garde le flanc gauche de l’armée, face à la plaine, et Richard Cœur de Lion et Hugues III de Bourgogne patrouillent en permanence le long de la colonne, prêts à faire face au danger qui peut venir de n’importe où. Quand l’armée croisée atteint les abords d’Arsouf, Saladin donne le signal de l’attaque et les cavaliers turcs, au nombre de trente mille selon les dires d’Ambroise, encerclent les croisés et les criblent de flèches. Les soldats, protégés par leurs armures n’ont que peu de perte, mais de nombreux chevaux sont tués. Un moment les croisés sont au bord du désastre rappelant celui de la bataille de Hattin. Mais Richard, bien que piètre politique, met en œuvre ses qualités de stratège. Il ordonne aux Hospitaliers de l’arrière-garde de tenir coûte que coûte, et adopte dans un premier temps une attitude défensive, et interdit aux chevaliers de poursuivre les Turcs, qui tentent leur technique de la fuite simulée. La discipline est telle que les chrétiens obéissent. Faisant preuve d'adresse, les archers et les arbalétriers de Richard infligèrent des pertes notables aux cavaliers turcs. Mais comme les troupes ne peuvent tenir indéfiniment et que les pertes s’accumulent, il commence à mettre en place une charge destinée à entourer les cavaliers turcs pour les anéantir. Au moment où les chevaliers chrétiens entourent les cavaliers ayyoubides, les sons des trompettes devaient indiquer aux croisés d’infléchir leur charge vers l’intérieur afin de tailler en pièces les soldats musulmans et d'anéantir l’armée de Saladin. Mais l’impatience d’un Hospitalier et du chevalier anglais Thomas Carrew déstabilise la manœuvre qui devient une charge directe, qui balaye l’armée de Saladin, mais ne peut pas l’empêcher de se replier. Les archers musulmans, qui étaient descendus de leur monture et qui se trouvent en première ligne sont décapités ou renversés, et achevés par les sergents. La charge croisée enfonce ensuite les cavaliers turcs qui prennent la fuite. Craignant un piège, Richard interdit la poursuite et leur ordonne de faire demi-tour, tandis que Saladin regroupe ses troupes, au nombre de vingt mille soldats, sur une colline voisine. Ils attaquent la cavalerie franque qui revient vers Arsouf et tuent un certain nombre de chevaliers dont Jacques d’Avesnes, mais les Francs font volte-face et chargent à nouveau, dispersant encore les troupes sarrasines, lesquelles fuient une nouvelle fois et se réfugient dans des collines boisées. Conscient qu’il est dangereux de continuer dans ce terrain couvert, Richard Cœur de Lion ordonne de nouveau la fin de la poursuite.
Saladin, qui n’a pas réussi à vaincre les croisés voit son prestige diminué auprès de ses troupes. Il tente de défendre Ascalon, mais ses émirs refusent de le suivre et il doit se résoudre à pratiquer la tactique de la terre brulée, en ordonnant la destruction de Jaffa, d’Ascalon et de Ramla.
Richard Cœur de Lion n’exploite pas son succès. Il entreprend la reconstruction de Jaffa, alors qu’il aurait pu surprendre l’armée de Saladin à Ascalon, ou reprendre Jérusalem, mal défendue par une garnison trop faible et des fortifications qui n’ont pas encore été réparées depuis le siège de 1187.
La bataille de Mansourah-1250
La bataille de
Mansourah
est un épisode célèbre de la septième croisade, survenu en Égypte.
Durant plusieurs affrontements à proximité de Mansourah du 8 au 11 février 1250, les croisés français vainquirent les musulmans.
Mais ils ne purent tirer avantage de cette victoire, et Louis IX fut même fait prisonnier au cours de la retraite.Après la prise de Damiette, les croisés hésitent entre aller prendre Alexandrie pour isoler l’Égypte, ou attaquer directement Le Caire. Cette option l’emporta quand les renforts amenés par Alphonse de Poitiers arrivèrent d'Europe. Les croisés progressent vers le sud à partir du 21 décembre.
Mansourah était la seule ville protégeant Le Caire, aussi les Ayyoubides décidèrent de la défendre. Ils purent bloquer les croisés sur un bras du Nil qui protégeait Mansourah.
Pendant plus d’un mois, les croisés restent bloqués, toutes leurs tentatives de franchissement du bras du Nil, notamment par la construction d’une digue, échouent. À la faveur d’une complicité, l’armée franque franchit ce bras du Nil par un gué, le matin du 8 février. Malgré les conseils de prudence des templiers, Robert d’Artois qui commande l’avant-garde, est pressé par son ancien gouverneur Fourcaut du Merle qui l'entraîne par la bride. Ils se jettent sur les Turcs, suivis des Templiers du grand-maître Guillaume de Sonnac et des Hospitaliers de Jean de Ronay. Ils bousculent le petit corps gardant la rive ; sans attendre le gros de l’armée, Robert d’Artois exploite son avantage, entraînant à sa suite les Templiers, et traverse presque sans opposition le camp sarrasin. L’émir Kahreddin est tué. Les croisés entrent par surprise à l’intérieur de Mansourah et se répandent dans la ville, quand les mamelouks turcs, qui s’étaient repliés, sont repris en main par leur chef Rukn ad-Dîn Baybars (Baybars l’Arbalétrier). Les assaillants sont tous massacrés, dont le comte de Salisbury, à l’exception de quelques chevaliers, dont Guillaume de Sonnac qui y perd un œil. En arrière, le gros de l’armée croisée affronte les Sarrasins dès sa traversée du fleuve et réussit à repousser la cavalerie adverse qui l’avait contre-attaquée. Dès le lendemain (9 février), Baybars attaque les croisés qui résistent et installent leur camp devant Mansourah. Une nouvelle bataille générale a lieu le 11 février. Les mamelouks utilisent du feu grégeois. Si Charles d’Anjou est sauvé de la capture par Louis IX, qui remporte la victoire, Robert d'Artois, Guillaume de Sonnac et Jean de Ronay sont tués. Le 5 avril, touchés par une épidémie, privés de ravitaillement par la perte de leur flotte, capturée par les Mamelouks, les croisés font retraite. Le 7 avril, le roi est fait prisonnier. Alors que les Mamelouks réclament le prix fort pour le libérer ainsi que d'autres prisonniers croisés, Louis IX décide de négocier. Début mars, il se dit prêt à accepter la proposition faite en 1249 par le sultan Malik al-Salih Ayyoub de rendre Damiette en échange de Jérusalem. Mais le nouveau sultan al-Mu'adham, qui vient d’arriver en Égypte, refuse. À la mi-mars, les galères égyptiennes détruisent ou capturent les nefs de la flotte franque, coupant toute retraite vers Damiette.
Louis IX est le premier souverain Franc à être capturé sur un champ de bataille.
Le 6 mai 1250, Damiette est restituée aux musulmans. Louis IX est libéré contre le retrait de ses troupes du territoire égyptien et du paiement d’un million de dinars de rançon. Fin mai, tous les Francs ont quitté le pays.
La Bataille d'Aïn Djalout-1260
Qoutouz, sultan mamelouk d'Egypte, décide d'attaquer les Mongols alors qu'ils sont désorganisés par la mort de leur Khan, Möngke. Hülegü qui avait envahi le Proche-Orient rentre avec la majeure partie de son armée, ne laissant derrière lui qu’un faible contingent de 20 000 hommes commandé par le général mongol Kitbouka. Ce petit contingent campe dans les steppes pour éviter les chaleurs estivales. Le 26 juillet 1260 l'avant-garde égyptienne quitte Le Caire. Mais la route de Damas est tenue par les Croisés. Le chef musulman demande le droit de passage au baron des Croisés qui, contre toute attente, accepte de le laisser passer sur ses terres ( les chrétiens ne désirent pas s’allier aux Mongols pour lutter contre les Musulmans ). Les Mamelouks avancent en Syrie sans être inquiété.
Surpris, les Mongols vont à leur rencontre avec quelques détachements Arméniens et Géorgiens. En oute, ils perdent du temps pour réprimer une insurrection populaire à Damas.
L'affrontement a lieu à
Aïn Djalout
, le 3 septembre 1260, près de Nazareth, Qoutouz a le temps de cacher la plupart de ses troupes, ne laissant sur le champ de bataille qu’une avant-garde commandée par le plus brillant de ses officiers, Baibars. Kitbouka arrive précipitamment, et tombe dans le piège. Avec toutes ses troupes, il se lance à l’attaque sans garder de réserve. Baibars recule, et bientôt les Mongols se voient entourés de toute part. Et là, pour la première fois, les Mongols sont battus surpassés en nombre. Kitbouka est capturé et décapité.
Le 8 septembre au soir, les cavaliers mamelouks entrent en libérateurs dans Damas en liesse.
Le Siège d'Antioche-1268
En 1268, Baybars assiége la cité
d'Antioche
, qui était mal défendue par son patriarche et abandonnée par la plupart de ses habitants. Après une faible résistance, la cité fut envahie le 18 mai et la citadelle tomba deux jours plus tard. Antioche était affaiblie par ses affrontements avec l'Arménie et par des luttes de pouvoir internes.
De fait, ses habitants acceptèrent rapidement de capituler, à la condition que leurs vies soit épargnées. Avant que l'armée de Baybars s'installe aux portes de la ville, Simon Mansel et un groupe de chevaliers avaient tenté une attaque contre l'armée musulmane pour empêcher l'encerclement de la ville, mais sans succès. Mansel fut capturé au cours de l'attaque, et Baybars lui demanda d'ordonner à ses lieutenants de se rendre immédiatement la garnison refusa.
Les défenses étaient en bon état, mais la garnison insuffisante pour protéger les ramparts. Tous les hommes trouvérent la mort, les femmes mises à la vente publique, les richesses partagées par les assiégeants, les croix renversées, les feuilles de l'Évangile déchirées et jetées à tous les vents, et les tombeaux des patriarches profanés, les musulmans piétinérent le tabernacle, et immolérent dans le sanctuaire les moines, les prêtres et les diacres .
Baybars distribua le butin entre ses soldats, les mamelouks se réservant les femmes, les filles et les enfants. Un petit garçon valait douze dirhams, une petite fille cinq. En un seul jour, la ville d'Antioche perdit tous ses habitants, et un incendie allumé par ordre de Baybars. La plupart des historiens s'accordent à dire que quatorze mille chrétiens furent massacrés et des centaines de milliers d'autres réduits en esclavage.
Le Siège de Tunis 1270
25 août 1270 : Saint Louis s'éteint dans le camp de l'armée croisée, près de l'ancienne Carthage. Partis au début du mois de juillet d'Aigues-Mortes, les barons et les chevaliers qui ont pris la croix à la suite du roi de France débarquent à
Tunis
quelques jours plus tard. Paralysés par l'attente toujours différée du roi de Sicile, épuisés par les chaleurs de l'été tunisien, les croisés sont rapidement décimés par la maladie qui emporte le roi et plusieurs hauts personnages. Après quelques combats menés pour sauver les apparences, l'armée rembarque au mois de novembre. La destruction de la flotte dans un port sicilien par une tempête empêche l'expédition de se poursuivre en Terre sainte. Les survivants n'ont plus d'autre choix que de rentrer en France.
Entreprise à grands frais, précédée de nombreux préparatifs de toutes sortes, la huitième et dernière croisade s'avère un échec complet.
La déroute de Saint Jean d'Acre 1291
Cette date, marque la perte des Etats Latins en Orient, et, elle est considérée par les historiens comme celle de la fin des croisades médiévales.
Profitant des discordes entre les différentes factions de la ville de Tripoli, le sultan mamelouk Qala'ûn avait pris la ville de Tripoli le 28 avril 1289. Henri II, roi de Chypre et de Jérusalem réussit cependant à négocier en mars 1289 une trêve de dix ans avec Qala'ûn, lequel meurt le 6 décembre 1290. Son fils Al-Ashraf Khalil n'attend qu'une occasion pour reprendre les hostilités.
L'ancien royaume de Jérusalem se réduisait alors aux villes de
Saint-Jean-d'Acre
, Beyrouth, Tyr, Saïda et à la forteresse d'Hatlith. Une croisade de pèlerins non combattants arrive alors à Saint-Jean-d'Acre. Ils n'ont aucune expérience militaire et ils imaginent que leur bonne volonté suffirait à reprendre Jérusalem. Sans connaissance de la situation politique de la Terre sainte, ils accusent les Latins d'Orient de complaisance à l'égard des musulmans, n'hésitant pas à les qualifier de traîtres à la cause chrétienne. Ils refusent le principe de la trêve. Par sécurité, une interdiction de quitter la ville leur est intimée.
Ils vont passer à l'action dès le 13 mars 1291, en massacrant des paysans musulmans venus en ville vendre leurs produits. Ils ne s'arrêtent pas à ce premier massacre. Ils décident d'envahir le bazar et ils égorgent les marchands supposés musulmans. Atterrés, les consuls de la ville et les grand-maîtres des Ordres militaires préférèrent avertir directement le sultan Al-Ashraf, lequel réclame le châtiment des coupables.
Seul Guillaume de Beaujeu, grand maître de l'Ordre du Temple plaide pour l'exécution des criminels. Les autres membres du conseil de Saint-Jean-d'Acre sont persuadés que le sultan se contentera d'excuses. De plus, ces derniers ne croient pas à la déclaration de guerre du mamelouk, pensant qu'il s'agit uniquement de menaces. Par conséquent, ils envoient des ambassadeurs chargés de présents pour l'amadouer. Al-Ashraf les jette en prison. Le sultan Al-Ashraf arrive devant Saint-Jean-d'Acre le 5 avril 1291. En plus d'une armée de 220 000 soldats, il dispose de nombreuses machines de siège. La ville abrite 30 000 à 40 000 habitants, dont 16 000 soldats. Le sultan commence par placer ses quatre énormes catapultes à des emplacements stratégiques, face aux plus importantes tours de défense de la ville, et des mangonneaux et balistes dans les intervalles.
Le 15 avril, Guillaume de Beaujeu tente une sortie à la tête de Templiers. Ils surprennent les avant-postes, mais leurs chevaux trébuchent dans les cordages et les musulmans se ressaisissent. Les Templiers parviennent difficilement à retourner en ville et leur tentative d'incendier une des catapultes a échoué. Ils retentent l'opération quelques jours après, mais les mamelouks, prévenus, les tiennent encore en échec.
Le 4 mai, le roi Henri II débarque à Saint-Jean-d'Acre, avec 200 chevaliers, 500 fantassins et des vivres en quantité. Le courage des assiégés remonte et Henri II, en tant que roi de Jérusalem essaye de traiter avec le sultan, qui ne veut rien savoir, exige la reddition pure et simple de la ville, mais accorde la vie sauve aux habitants. Le 7 mai, Henri repart vers Chypre, en laissant son armée sur place.
Le bombardement de la ville par les machines mamelouks s'intensifie, et des esclaves creusent des mines sous les principales tours. Le 15 mai, une partie de la Tour Neuve s'écroule. Guillaume de Beaujeu fait construire une tour en bois (ou chat) pour combler la brèche, mais n'y arrive que de manière incomplète. Une tempête au large empêche l'évacuation des femmes et des enfants par la mer. Les quelques navires déjà partis sont obligés de revenir se réfugier au port. Le vendredi 18 mai 1291, à l'aube, les Musulmans lancent l'assaut. Ils prennent pied sans problème dans la Tour Neuve, puis se divisent en deux groupes pour s'emparer de la zone entre les deux enceintes et bombarder les assiégés de feux grégeois et de flèches. Guillaume de Beaujeu, grand-maître du Temple, et Jean de Villiers, grand-maître de l'Ordre des Hospitaliers, longtemps rivaux mais réconciliés, défendaient le point le plus menacé, la Porte Saint-Antoine. Atteint d'une flèche sous l'aisselle, Guillaume se retire du combat,on l'emporte à la Commanderie du Temple où il expire quelques heures plus tard. Jean de Villiers, également grièvement blessé, est transporté sur un navire en direction de Chypre.
Les Mamelouks prennent alors la Porte Saint-Antoine et se ruent dans la ville, massacrant les habitants. Certains tentent de fuir avec les navires dont quelques-uns, surchargés, coulent. 10 000 habitants ont pu se réfugier dans la Voûte d'Acre, la citadelle des Templiers, qui tient encore. Cette citadelle donne sur la mer et les rescapés peuvent embarquer et se réfugier à Chypre. Pendant dix jours, la citadelle résiste avant de succomber à son tour, le 28 mai.
Le siège de Saint-Jean-d'Acre est une opération militaire qui se solda en 1291 par la prise de la ville et la fin de la présence Franque en Terre Sainte.