Baudouin de Boulogne devient comte d'Edesse
A la mort de son épouse "Godehilde de Tosny" en 1097 qui se trouvait dans le convoi de Godefroy de Bouillon lors de la grande pérégrination, Baudouin de Boulogne qui était lui dans un autre convoi et sur une autre route revint dans le grand convoi pour assister aux funérailles de son épouse. Passé le deuil il repartit rejoindre son convoi puis s'empara sans peine de la province d'Edesse ou il décida d'y rester. Il se proclama Comte d'Edesse et ne poursuivit pas sa route vers Jérusalem. Avec Geoffroy de Saint-Omer il entreprit de suite la sécurisation de son nouveau royaume. Pour se faire accepter de ses nouveaux sujets il épousa une Arménienne "Arda". Il apprit mi-Aout 1100 la mort de son frère Godefroy. Il se mit aussitot en route pour Jérusalem après avoir confié le comté d'Edesse à son cousin Baudouin du Bourcq. Ce voyage ne fut pas de tout repos et son confesseur le chroniqueur "Foucher de Chartres" nous apprend que c'est par miracle que Baudouin rallia Jérusalem, tant il dut faire face à de nombreuses attaques Musulmanes. A chaque fois qu'il sera attaqué par les musulmans il les mettra hors d'état de nuire jusqu'au dernier, c'est pour cette raison qu'il mettra deux mois pour rallier Jérusalem. Arrivé à Jérusalem, nullement marqué par les épreuves qu'il venait de vivre, et avant même de se faire couronner en remplacement de son frère, il entreprit une campagne de sécurisation de la fin Octobre au 21 décembre 1100. Avec cent cinquante chevaliers, et cinq cents fantassins, il fit une reconnaissance du port musulman d'Ascalon, il le trouva si fortement défendu qu'il renonça à l'attaquer. Rebroussant chemin vers l'est, il se dirigea vers Beit Djibrin où se cachaient dans des grottes des pillards qui, depuis longtemps, faisaient régner la terreur dans cette contrée en détroussant les pèlerins qui, débarquant à Jaffa, se rendaient à Jérusalem. Il enfuma ces pillards qui étaient au nombre d'une centaine et les massacra jusqu'au dernier.
Baudouin de Boulogne comte d'Edesse devient roi de Jérusalem en 1100
Après s'être vengé de la mort de son frère durant deux longs mois, il revint dans sa capitale le 21 décembre, et le jour de Noël avait lieu son couronnement dans la basilique de Bethléem. Il fallait à Baudouin des ports et il n'en avait qu'un seul Jaffa, le 15 avril arriva dans le port une flotte génoise venant de Laodicée. Le roi établit un marché avec les Génois qui s'engagèrent à l'aider, ce qu'ils firent en attaquant le port d'Arsouf qui capitula à la fin d'avril. Immédiatement Baudouin y installa une garnison de croisés. Puis son armée et les génois allèrent plus au nord attaquer le port de Césarée. Là fut organisé un siège en règle avec des machines de siège. Au terme de quinze jours de combats, les Francs ayant construit une tour de bois plus haute que les murailles, réussirent à pénétrer dans la ville le 17 mai 1101 et ce fut un massacre. Là encore, Baudouin y laissa une garnison de croisés. Puis se séparant des Génois Baudouin regagna l'intérieur des terres et atteignit Ramla où il construisit une tour. En août il apperçut une armée égyptienne qui se dirigeait vers Ascalon, il dut affronter seul l'ennemi. Il n'avait que deux cents chevaliers et mille fantassins, la supériorité numérique de l'armée égyptienne était écrasante. L'assaut eut lieu le 7 septembre 1101 dans la plaine de Ramla, Baudouin avait divisé ses forces en cinq parties : les trois bataillons furent écrasés, les deux autres, chevaliers croisés de Jérusalem et de Judée commandés par lui-même, rétablirent la situation. Il avait galvanisé les soldats : "Si vous êtes tués vous serez des martyre" "Si vous vainquez, c'est la gloire éternelle". "Quant à fuir, n'y pensez votre royaume est trop loin ils vous tueront". La vraie Croix ressortie et portée par un évêque, Baudouin chargea furieusement, monté sur sa jument appelée "la Gazelle", il fit des merveilles. Attaqué par un émir, il lui trancha la tête, dès lors les musulmans se replièrent vers Ascalon. En mai 1102 Baudouin, dont les possessions s'étendaient, faillit tout perdre dans une bataille à Ramla. Revanchard, le vizir d'Egypte al Afdal avait concentré une armée de vingt mille combattants au nord d'Ascalon, le long de la côte. Baudouin, apprenant cette nouvelle, mais ignorant les réélles forces musulmanes, commit l'imprudence d'attaquer avec ses maigres forces ( deux cents chevaliers ). Les Francs furent encerclés le 17 mai 1102 à Yasour. Ce fut un massacre, le soir, Baudouin put, avec les survivants, s'enfermer provisoirement dans Ramla. Alors se produisit un événement providentiel : un sheikh se présenta à l'entrée de la ville et demanda à parler à Baudouin 1 er. Le roi avait naguère sauvé la femme de ce sheikh qui lui en gardait une grande reconnaissance. Il l'engageait à s'enfuir à la faveur de la nuit, avant l'assaut du matin. Baudouin s'élança donc avec son écuyer et quelques compagnons au milieu de l'armée ennemie. Il fut poursuivi, mais il put s'échapper. Au petit jour, Ramla fut reprise par les musulmans et presque tous les Francs furent massacrés. A Jérusalem le bruit se répandit que Baudouin était mort, la terreur fut si grande que l'on parla d'évacuer la ville pour gagner la côte. Un des rares rescapés de la bataille, Gutman de Bruxelles, redonna le moral aux habitants. Cependant Baudouin arrivait à Arsouf, blessé et épuisé, le 19 mai. De là il gagna par mer Jaffa.
Une conquéte Franque fastidieuse qui durera des décennies
A Jaffa en quelques jours Baudouin regroupa ses forces Franques et le 27 mai il sortit de la ville pour attaquer une armée égyptienne qui campait non loin de là. Au bout de quelques heures de combat, elle prenait la fuite vers Ascalon. Puis, Baudouin rentra triomphalement à Jérusalem. Dès l'année 1102, Baudouin 1 er prit conscience de l'importance de la position de Saphet la route de Damas à Acre, et demanda à un fidèle "Hugues de Saint-Omer", prince de Galilée, d'y ériger une forteresse. En juillet 1103 pour protéger les pèlerins, le roi de Jérusalem organisa une expédition sur la côte, entre Haïfa et Césarée. La route était resserrée entre la mer et les contreforts méridionaux du mont Carmel formant un défilé appelé "le Destroit ou Pierre-Encise", des pillards arabes s'y abritaient pour attaquer et détrousser les caravanes de pèlerins. Lors de cette expédition, Baudouin reçut dans le dos un coup de lance, dont il garda des séquelles toute sa vie. Plus tard, dans de ce défilé de Pierre-Encise, les chevaliers du Temple bâtiront la puissante forteresse d'Athlit (Château Pélerin). En avril 1104 une flotte génoise forte de soixante-dix galères ayant aidé le comte de Toulouse, Raymond de Saint-Gilles, à s'emparer du port de Byblos, Baudouin demanda à cette escadre de l'aider à conquérir le port d'Acre. Le siège commença à terre et en mer les 5 et 6 mai. Trois semaines après, les habitants capitulèrent. Saint-Jean-d'Acre deviendra le port Franc le plus important de la Judée avec le plus gros trafic commercial de toute la côte. Après la prise d'Acre, il restait encore aux musulmans, les ports d'Ascalon et de Tyr, de Saïda et de Beyrouth. En 1105, "Hugues de Saint-Omer" construit près de Tyr le fort du Toron (Tibnin), à la fois pour surveiller la garnison musulmane de Tyr mais aussi pour en faire une position forte utilisable le jour où l'on attaquerait le port. En 1105, Baudouin construisit le chastel Arnoul, un fortin dans la plaine pour surveiller la route des pèlerins allant de Jaffa à Jérusalem par Ramla et Lydda. En février 1107, ayant appris que les Damasquins construisaient une forteresse pour interdire le passage aux pélerins chrétiens, il chassa les Musulmans et détruisit leur forteresse, il en profita pour ramener des chrétiens en esclavage de Pétra pour les établir dans les terres fertiles de Judée. En 1108, avec l'aide des navires italiens il essaya de prendre le port de Sidon, mais échoua. En 1109, Baudouin monta une expédition vers Baalbeck pour piller la plaine fertile de la Béqa, mais Togtekin conclut avec lui un marché par lequel un tiers de la récolte de cette contrée appartiendrait aux Francs. Un peu plus tard, un marché analogue fut conclu pour les récoltes du Sawad et du Djebel Adjloun au-delà du Jourdain. Ainsi Baudouin s'assurait des ressources agricoles dans des régions prospères situées en bordure des frontières naturelles de son nouveau royaume. En 1109, il vint en aide à Bertrand, fils de Raymond de Saint-Gilles, pour prendre le port de Tripoli le 12 juillet 1109. Ainsi s'achevait la sécurisation au Liban du comté de Tripoli. En février 1110, Bertrand vint à son tour participer au siège de Beyrouth organisé par Baudouin. Des vaisseaux génois et pisans y organisaient le blocus, le 13 mai, la ville capitula. En juillet 1110, arriva à Tripoli une flotte de pèlerins Scandinaves conduite par le prince norvégien Sigurd. Baudouin 1 er accueillit solennellement celui-ci et l'accompagna au Saint-Sépulcre. Après quoi, il lui demanda son appui pour s'emparer de Sidon. L'escadre fit donc le blocus du port tandis que Baudouin, assisté de Bertrand de Tripoli, attaquait la ville avec de nombreuses machines de siège. Dans l'intervalle, arriva sur la côte, une escadre vénitienne qui prêta main forte à la flotte norvégienne, le 4 décembre, Sidon capitulait. En 1115, il décide de sécuriser la région située à l'est de la Mer Morte. Ayant choisi à une trentaine de kilomètres au nord de Pétra un site agréable, fertile et pourvu d'eau, naturellement bien défendu au sommet d'une montagne, il y entreprit la construction d'une forteresse ( Montreal ) pour surveiller les routes empruntées par les caravanes commerçantes qui sillonnaient la Syrie, le pourtour de la mer Rouge, et l'Egypte, et aussi les routes des pèlerins, le Derb El Hadj, qui se rendaient en Arabie vers les villes saintes de Médine et de La Mecque. En contre partie, le seigneur de la Terre d'oultre le Jourdain prélevait une dîme sur les caravaniers et les pèlerins.
Baudouin trouve la mort en sécurisant son royaume
En 1116, le roi, "toujours intéressé à ouvrir de nouvelles voies de communications ", écrit Albert d'Aix, fit avec deux cents chevaliers une reconnaissance jusqu'à la mer Rouge. Ils trouvèrent près de la mer le village d'Ailat, proche des ruines de l'antique Elath. C'est peu après que les Francs édifièrent une forteresse à Ailat et une autre dans l'île de Graye toute proche. Des postes de garde fortifiés furent edififiés le long de la route du Hedjaz (le Derb el Hadj) : au nord Ahamant (Amman) puis au sud, Tafilet et près de Pétra, Hormoz, li Vaux Moïse et Sela. Cette ligne de forteresses servait de frontière pour interdire les communications entre l'Egypte et la Syrie musulmane, entre Le Caire et Damas. En 1116, irrité par les des razzias musulmanes fréquentes de la garnison de Tyr, Baudouin voulut les neutraliser en construisant, au sud, la forteresse de Scandélion. Au début de 1118, Baudouin entreprit avec deux cent chevaliers et quatre cents fantassins un voyage d'exploration vers l'Egypte, il passa par Hébron et le désert. En mars, il pénétra dans Farama. Il marcha jusqu'au lieu le plus oriental du delta du Nil. Mais le roi gravement malade décida de rebrousser chemin. Il mourut à El Arish le 2 avril. Comme il avait demandé à reposer au Saint-Sépulcre auprès de son frère Godefroy de Bouillon, son cuisinier Addon enleva les viscères de son corps pour empêcher une décomposition rapide, et ces viscères furent enterrées à El Arish. On éleva pour marquer l'endroit un monticule de pierres que l'on nomma la pierre de Baudouin. Ce nom était encore usité, au début du XX ème siècle, employé par les bédouins et un étang à l'ouest d'El Arish, s'appelle Sebkat Berdaouil (le marais de Baudouin).