※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※
Biographie de Jacques de Molay
Adolescence de Jacques de Molay
L'absence d'archives ne permet pas à ce jour de fixer son lieux et sa date de naissance, néanmoins, les minutes du procès conservées dans les archives au Vatican, nous autorisent à croire que Jacques de Molay est né vers 1245 en Haute Saône, dans le Comté de Bourgogne, à l'époque vassal du saint Empire Germanique. Cette absence d'information sur sa personne signifie qu'il n'était pas noble, sinon les historiens auraient retrouvé des traces le concernant dans les archives provinciales. De plus, comme il fut reçu dans l'Ordre après 1250 il se pourrait même qu'il soit de basse extraction, car après l'an 1250 la noblesse Française a cessé d'intégrer l'Ordre jugeant la cause Orientale désespérèe. En 1250 et après, les recrues de l'Ordre étaient issues des familles d'artisans de commerçants et de censiers.
Une présence dans l'Ordre du temple anormalement discrète
En 1265, il est reçu dans l'Ordre a Beaune par Humbert de Pairaud, et par Amaury de la Roche, maître de France. Nul ne sait ce qu'il fait et ou il était entre 1265 et 1292, les historiens n'ont trouvé qu'une seule trace concernant l'année 1270 qui atteste de sa présence au proche orient. Il n'était pas à Saint d'âcre en 1291 quand le grand maître Guillaume de Beaujeu y trouva la mort le 18 mai 1291, nous pouvons l'affirmer avec certitude car les musulmans ont consigné par écrit cette déroute Chrétienne en mentionnant l'extermination de tous les Templiers, Hospitaliers, Teutons présents dans la ville. Le 12 aout 1291 Les Templiers évacuent leur forteresse de Château-Pèlerin pour se replier sur l’île de Chypre. Durant cette année 1291 nul ne sait ce qu'il a fait et ou il se trouvait. Pour certains frères Jacques de Molay était un lâche qui s'était enfui de Saint Jean d'âcre avec Thibaud Gaudin avant l'assaut final des Musulmans soit disant pour quérir des renforts. Pour d'autres il se trouvait parmi les survivants d'Acre le 18 mai 1291 qui réussirent à s'échapper avec Thibaud Gaudin à Chypre, mais nous savons aujourd'hui que cette thèse est fausse car tous les croisés furent exécutés lors de cette bataille ( sources musulmanes écrites notifiant l'extermination de tous les croisés ). Nous retrouvons sa trace fin 1291 car il participe à un chapitre à Chypre à l'automne 1291. Le 16 avril 1292 suite à la mort de Thibaud Gaudin, il faut remplacer le grand maitre à l'Ordre, et, pour ce faire, les templiers organisent un chapitre général à Montpellier en mai 1292. C'est lors de ce chapitre qu'il est élu grand maitre, car il ne devait plus rester beaucoup de templiers d'Orient à cette date qui pouvaient justifier de plus de vingt années passées à servir le temple.
Un début de Magistère brouillon
Au printemps 1293, il entreprend une revue des royaumes Occidentaux pour y régler différents problèmes, mais surtout, il implore l'aide des princes et de l'Eglise pour la défense de ce qui reste des Etats Chrétiens. Au cours de ce voyage, il noue d'étroites relations avec Edouard 1er d'Angleterre, Jacques II d'Aragon et le pape Boniface VIII. Il est clair qu'à cette époque il n'a pas compris que les roues de l'histoire avaient tourné, il n'a pas compris que les seigneurs occidentaux ne veulent plus investir le moindre denier pour reprendre les états latins d'orient, il n'a pas compris que les seigneurs occidentaux ont d'autres priorités. A cette époque il passe auprès de ses interlocuteurs pour un homme dépassé qui ne comprend pas les enjeux politiques du moment, il sera le jouet du Pape et des rois qui feignent de l'écouter. Ce grand maitre élu "par défaut faute de prétendants dignes de la fonction", fera le malheur du Temple malgré lui. Il ne comprendra pas les messages envoyés par le roi de France et le pape, à cause de ses carences en tous genres il ne se rendra même pas compte que le Pape était impuissant à honorer sa parole envers le Temple, le Pape n'était plus rien et les monarques ne se souciaient plus d'être excommuniés ! Avec le recul, son refus de regarder la réalité en face entre l'année 1292 et l'année 1305, et son acharnement à vouloir organiser une nouvelle croisade est pathétique ! Pendant deux années il ménera des tractations avec les Mongols afin de préparer cette croisade contre les Musulmans. En 1300, il entreprend de fortifier l'îlot de Rouad situé en face de Tortose pour en faire une base maritime en vue d'opérations combinées avec les mongols. Mais les mongols, trop occupés par leurs guerres tribales, ne pourront jamais s'allier avec les chrétiens contre les musulmans. En septembre 1302, les derniers Templiers de Rouad sont massacrés par les mamelouks égyptiens. Jacques de Molay comprend alors que sa stratégie d'alliance avec les mongols est un fiasco.
Le début de la fin pour les Templiers
En 1305 un nouveau pape Clément V est élu, et Jacques de Molay comprend enfin que l'Ordre est en danger car ce Pape est la créature du roi de France. A cette date la réputation de l'Ordre du temple est considérablement ternie par une campagne abjecte de calomnie orchestrée par les hommes du roi et relayée par un clergé Franc revanchard. De Molay n'a rien vu venir pendant 10 longues années, et quand il comprend enfin l'ampleur du désastre il panique, et sollicite l'avis des Maîtres des deux autres Ordres religieux pour l'organisation d'une nouvelle croisade. Le roi donnera une dernière chance à De Molay en remettant à l'ordre du jour son projet d'unification des Ordres Militaires dont la direction serait confiée à l'un de ses fils. Jacques de Molay reste totalement hostile à ce projet. Pendant ce temps Clément V gagnera du temps en faisant le mort. Son refus de fusionner les Ordres aura de lourdes conséquences pour l'Ordre du Temple, car ce projet royal était la dernière porte de sortie offerte par le roi de France à l'Ordre du Temple. Devant l'obstination de Jacques de Molay le Roi de France enclenche la vitesse supèrieure, il demande à nouveau au Pape Clément V de condamner la mémoire de Boniface VIII. Pourquoi s'en prendre à Boniface VIII ? C'est simple, ce pape décédé à protégé efficacement l'Ordre du Temple et il a de plus contrecarré systèmatiquement toutes les provocations de Philippe le Bel. Alors pour le roi de France ce sera donnant donnant il abandonnera son projet de faire condamner ce pape Boniface VIII à titre posthume si Clément V lui abandonne l'Ordre du Temple, ce marchandage est très simple à comprendre. Jacques de Molay, piètre stratège et totalement dépassé par les événements, assistera impuissant à la mort de l'Ordre du Temple et à l'extermination des Templiers.
Dernier acte de cette tragédie
Philippe le Bel et ses conseillers sont prêts pour la mise à mort du Temple et, le 24 juin, Jacques de Molay est à Paris où il rencontre Philippe IV le Bel pour discuter des accusations portées contre l'Ordre. Après la réunion il rentre à Poitiers rassuré par sa discussion avec Philippe IV le Bel. Le 24 Août, Clément V annonce à Jacques de Molay qu'une commission d'enquête est mise en place. Le 14 septembre, aidé par Nogaret, il fait transmettre en grand secret à tous ses baillis et sénéchaux un ordre d'arrestation pour tous les Templiers du Royaume et la mise sous séquestre de tous leurs biens. Le 12 Octobre 1307 Jacques de Molay qui ne se doute de rien assiste à Paris aux côtés du roi Philippe le Bel, aux obséques de Catherine de Courtenay épouse de Charles de Valois, Hugues de Payraud est resté lui aux côtés du pape pour travailler sur le dossier du Temple. Le soir même Jacques de Molay rassuré par l'attitude du roi lors de cette cérémonie, réunira tous les Templiers de Paris à la tour du Temple pour dédramatiser la situation.
Le 13 octobre 1307 à l'aube, tous les Templiers du royaume de France sont arrétés, dans certaines maisons, les Templiers sont massacrés par traîtrise, car les gens d'armes royaux craignent de devoir affronter ces guerriers redoutables en combat loyal. Jacques de Molay est arrété dans la maison cheftaine de l'Ordre, à Paris. Contre toute attente, lors du premier interrogatoire le 24 octobre, Jacques de Molay avoue certains faits et crédite ainsi en partie la thèse royale contre l'Ordre. En décembre 1307, Clément V envoie des cardinaux à Paris pour interroger le Maître de l'Ordre. Devant ceux-ci, Jacques de Molay revient sur ses aveux. S'engage alors un bras de fer entre Philippe le Bel et Clément V qui se conclut en Août 1308 par un compromis entre les deux parties, le pape se réserve le droit de juger les dignitaires de l'Ordre. Transféré à Chinon avec plusieurs autres dignitaires de l'Ordre, comme Geoffroy de Charney, Hugues de Pairaud, Geoffroy de Gonneville, Jacques de Molay est a nouveau interrogé par des agents royaux. Au cours de cet interrogatoire, il reviendra à ses aveux faits en octobre 1307, nul doute que la menace de torture y fut pour beaucoup dans ce nouveau revirement ( contrairement à tous ses frères templiers, De Molay ne semble pas avoir été torturé ). Pendant plus d'une année, la commission pontificale se met en place et commence ses audiences. Jacques de Molay y sera entendu deux fois vers la fin novembre 1309. Puis il change de stratégie de défense et veut garder le silence pour ne s'en remettre qu'au jugement du Pape, se raccrochant au contenu de la bulle "Faciens Misericordiam". Factuellement, Jacques de Molay aura avoué ses fautes en Octobre 1307, les aura niées en Janvier 1308, les aura confessées en Août 1308, puis niées en Novembre 1309, ces changements de stratégies furent certainement dictées par des promesses ecclésiastiques.
Extermination des templiers et dissolution de l'Ordre
Durant les années 1307 à 1310 les interrogatoires des Templiers ( sous la torture ) font apparaitre que si certains templiers reconnaissent les faits que le roi leur impute, d'autres ne reconnaissent rien, et les bûchers seront l'attraction populaire la plus en vogue dans le royaume pendant ces trois années ! En 1310, plusieurs dizaines de Templiers veulent se présenter devant la commission pontificale pour témoigner en faveur de l'Ordre et ainsi mettre à mal tout l'acte d'accusation. Ce mouvement de protestation est brisé net par la condamnation au bûcher de 54 Templiers jugés comme relaps par Philippe de Marigny le 10 mai 1310. De plus, les meneurs de ce mouvement de protestation disparaissent des geoles de Philippe le Bel sans laisser de traces. Le 22 mars 1312, Clément V annonce officiellement l'abolition de l'Ordre du Temple lors du Concile de Vienne. Malgré sa volonté et ses demandes insistantes auprès de ses geoliers, Jacques de Molay continue de croupir au secret en prison sans pouvoir être reçu par le Pape. Ce dernier consent néanmoins à envoyer 3 cardinaux à Paris en décembre 1313 pour statuer sur le sort des dignitaires. Le jugement définitif est proclamé publiquement sur le parvis de la Cathédrale de Paris le 11 Mars 1314, le verdict des trois cardinaux est sans appel, les dignitaires de l'Ordre sont condamnés à la prison à vie. Depuis 7 ans, Molay n'avait misé que sur un entretien avec Clément V, il avait sans un mot laissé périr l'Ordre et tant de Frères. Il pensait hors de la puissance du Roi et sous la protection du Pape sauver l'honneur. Et soudain tout était consommé. Molay se voyait jugé sans appel possible, en 1314, par trois prélats en tout point semblables à ceux devant qui il avait refusé de parler. Molay n'était point sot, il savait ce que relaps signifiait, mais sept années de prison avaient mûri l'homme, l'avaient rendu indifférent à la souffrance et au désespoir. Non au déshonneur ! Il comprit qu'à se taire par calcul après avoir avoué par faiblesse il serait le Grand Maître qui n'avait pas défendu l'Ordre. Il demanda à parler une dernière fois, et devant les cardinaux et la foule il affirma l'Ordre innocent et saint ! Il affirma ensuite que son crime à lui, Molay, n'était que d'avoir trahi le Temple pour sauver sa vie, Charnay lui fit écho. Mis au courant de la situation, Philippe le Bel décida sur-le-champ de les condammer au bûcher pour relaps. Le bûcher double fut dressé dans la soirée sur un ilot qui prolongeait les jardins du Palais.
Malédiction lancée par Jacques de Molay contre le Pape et le Roi.
Molay et Charnay montèrent courageusement sur le bûcher et demandèrent a être tournés vers les tours de Notre Dame, et, c'est ainsi qu'au soir du 11 mars 1314, Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay furent livrés aux flammes. Sur ce bûcher, avant de mourir Jacques de Molay lancera sa
malédiction
: "Pape Clément ! Roi Philippe ! Avant un an, je vous cite à comparaître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste chatîment ! Maudits ! Maudits ! soyez tous Maudits jusqu'à la treizième génération de vos races ! "
La malédiction du grand-maître allait s'avérer :
- Clément V meurt le 20 avril 1314 d'étouffement.
- Philippe le Bel décède le 26 novembre 1314 et ses trois fils mourront dans les 12 années suivantes sans laisser de descendance mâle.